Antibiotiques vs bactéries, en un combat douteux
Publié en novembre 2025. Par Books.
Le film Cléopâtre avec Elizabeth Taylor a failli capoter car le staphylocoque doré avait fait de l’actrice un festin. Sans une trachéotomie et l’administration de méticilline elle aurait succombé. Cet antibiotique semi synthétique, qui venait d’être commercialisé, n’aurait pas sauvé Elizabeth Taylor aujourd’hui, car la bactérie lui résiste.
D’après les autorités de santé américaines, la résistance aux antibiotiques tue plus d’un million de personnes chaque année et est une cause indirecte de la mort de cinq millions d’autres. Or la recherche de nouveaux antibiotiques patine, car non rentable : les laboratoires se focalisent sur des médicaments à prendre sur la durée, si possible à vie, alors qu’un antibiotique doit agir en quelques jours. C’est « la marchandise anticapitaliste par excellence », écrit le biologiste britannique Liam Shaw dans son livre. Celui-ci est largement inspiré par son indignation face aux pratiques commerciales de l’industrie pharmaceutique, qui a contribué à favoriser la résistance aux antibiotiques en menant des campagnes commerciales offensives favorisant leur utilisation indiscriminée, tant chez l’homme que chez les animaux de ferme. L’un des paradoxes de la situation actuelle est que même les antibiotiques efficaces et qui ne coûtent rien ou presque manquent dans les pharmacies des hôpitaux des pays pauvres, où plus d’un million de personnes meurent chaque année de tuberculose.Liam Shaw fait un remarquable travail d’historien, estime Andrey R. Glynn dans la revue Science, mais n’engage pas la discussion dans un domaine de recherche essentiel, celui des substituts possibles aux antibiotiques, notamment les phages (virus qui tuent les bactéries). Porté par son indignation, l’auteur pousse le bouchon trop loin, estime le médecin Druin Burch dans la Literary Review. Maintes fois formulée, l’annonce de la mort des antibiotiques reste prématurée. Eux aussi font de la résistance.
