Les habits neufs du capitalisme
Publié en novembre 2025. Par Books.
Pas facile de s’y reconnaître dans l’évolution du monde actuel. L’économiste serbo-américain Branko Milanovic propose une grille de lecture axée sur quelques idées-forces : 1) La globalisation néolibérale a cédé la place à un libéralisme de marché « national » – pour ne pas dire nationaliste ; 2) Le moteur principal de cette évolution est la Chine, dont l’économie est désormais trop grosse pour être intégrée dans l’ordre économique international créé par les États-Unis et leurs alliés ; 3) En appliquant des mesures commerciales coercitives qui contribuent à signer l’acte de décès de la globalisation, les États-Unis tentent de contrecarrer la croissance de leur rival ; 4) La montée des économies asiatiques, y compris le Vietnam et l’Indonésie, a créé dans cette région du monde une classe moyenne dont le poids est désormais décisif ; 5) Quarante ans de capitalisme sous-régulé ont favorisé la création aux États-Unis et en Chine d’une nouvelle élite dirigeante caractérisée par ce que l’auteur appelle l’« homoploutie », une richesse venue tant des revenus du travail que de ceux du capital ; 6) La puissance de cette nouvelle élite dirigeante repose sur deux formes de « crédentialisme » qui diffèrent : la révérence pour le diplôme aux États-Unis et l’appartenance au Parti communiste en Chine ; 7) Tant en Occident qu’en Chine, mais aussi en Russie, la montée en puissance d’une super-élite a accru les inégalités et généré un ressentiment dont le produit est le populisme de droite en Occident, la crispation du Parti communiste en Chine et des services de sécurité en Russie (on pourrait y ajouter la guerre en Ukraine) ; 8) Nous sommes entrés dans un monde multipolaire dans lequel des institutions comme les Nations Unies perdent toute efficacité.
En présentant ce livre sur le site de la London School of Economics, l’économiste serbe Ivan Radanović salue cet effort de clarification et en particulier la qualité des analyses sur les nouvelles élites occidentales et chinoises. Mais il juge erronées certaines de ses analyses historiques et exprime ses réserves à l’égard du « déterminisme historique » d’un auteur largement inspiré par l’économie marxiste.
