L’Occident, une idée contre la Russie

Il fallait un chercheur grec installé à Londres pour le découvrir : l’Occident, au sens moderne du terme, est une idée française. Elle a été formulée par Auguste Comte dans les années 1840, après qu’a émergé, dans les années 1830, la crainte toute nouvelle du pouvoir russe. Il s’agissait de nommer une « entité civilisationnelle », écrit Hans Kundnani dans le Times Literary Supplement, qui excluait la Russie. L’idée plongeait bien sûr ses racines dans un passé plus lointain, à commencer par la séparation entre l’empire romain d’Occident et celui d’Orient, berceau de la religion orthodoxe. C’est à partir des écrits de Comte que le concept de « West » a été exporté en Angleterre et aux États-Unis. L’aspect le plus nouveau était peut-être l’exclusion de la Russie, car au XVIIIe siècle, après Pierre le Grand et avec Catherine II, celle-ci était pleinement considérée comme européenne. À preuve son inclusion dans le congrès de Vienne en 1814-1815. Comte, qui avait créé la Revue occidentale, intégrait dans sa conception de l’Occident les nouveaux États d’Amérique fondés par les colons européens. L’ensemble civilisationnel ainsi constitué représentait à ses yeux « l’élite de l’humanité ». Il lui promettait un avenir radieux, imprégné de sa « philosophie positive », libéré de toute forme de conflit intérieur ou extérieur.   

LE LIVRE
LE LIVRE

The West: The History of an Idea de Georgios Varouxakis, Princeton University Press, 2025

SUR LE MÊME THÈME

Géopolitique La guerre froide, vue de Moscou
Géopolitique Pauvres Arméniens
Géopolitique Bienvenue en pentarchie

Dans le magazine
BOOKS n°123

DOSSIER

Faut-il restituer l'art africain ?

Chemin de traverse

13 faits & idées à glaner dans ce numéro

Edito

Une idée iconoclaste

par Olivier Postel-Vinay

Bestsellers

L’homme qui faisait chanter les cellules

par Ekaterina Dvinina

Voir le sommaire