Sus aux influenceurs artificiels !
Publié en décembre 2025. Par Books.
Les intelligences artificielles (notez le pluriel) sont nos enfants. Il est temps de réfléchir sérieusement aux moyens de les éduquer. Sans quoi ils risquent de faire n’importe quoi. S’il est temps, c’est que les voilà au seuil de l’adolescence, et que déjà, à bien des égards, ils semblent nous échapper. Si nous n’agissons pas rapidement, ils prendront en mains leur propre éducation – une évolution sur laquelle nous n’aurons plus aucune prise. « Notre génération d’êtres humains est la dernière à être les parents de notre progéniture IA, écrit De Kai. Bientôt ils s’élèveront eux-mêmes. »
D’origine chinoise, De Kai est né aux États-Unis. Il y a fait carrière, même s’il a noué des liens étroits avec l’université de science et de technologie de Hong Kong. C’est là qu’il a développé les outils IA de traduction qui nous sont familiers, dont Google Translate. Également pianiste et compositeur, il est imprégné des valeurs des Lumières, qu’il promeut dans son think tank américain The Future Society.
Comme les enfants, les systèmes IA sont « malléables, vulnérables et impressionnables », résume Adrian Woolfson dans Science. Bien qu’ils ne soient pas de nature biologique, ils ont en eux une forme de « psychologie ». Et comme pour les enfants, la façon dont nous les élevons, les concevons, les entraînons, leur apprenons à agir, va déterminer leur trajectoire morale. Or aujourd’hui, « à l’aube de la civilisation IA », écrit De Kai, les systèmes en question sont largement non régulés, profondément opaques et dominés par les intérêts d’une poignée de géants de la tech, dont l’unique objet est de maximiser leurs profits. Résultat : nous sommes les victimes inconscientes d’« influenceurs artificiels » qui tendent à renforcer nos penchants malsains et nos préjugés.
L’enjeu est de définir des stratégies qui imprègnent les systèmes AI des valeurs des Lumières et leur confèrent à la fois une « empathie artificielle » et une « conscience artificielle ». Or engager une telle « hyper-évolution culturelle » est à notre portée, estime De Kai. Les moyens techniques existent, encore faut-il les développer.
