L’Inde, culture métissée
Publié en octobre 2009.
La cohabitation entre les hindous et les musulmans est une source régulière de tensions dans l’Inde contemporaine. Il n’en a pas toujours été ainsi. Dans « L’Inde avant l’Europe », deux historiennes montrent combien la culture indienne s’est construite, entre 1200 et 1750, sur des interactions culturelles permanentes entre plusieurs mondes.
La cohabitation entre les hindous et les musulmans est une source
régulière de tensions dans l’Inde contemporaine. Il n’en a pas toujours
été ainsi. Dans India before Europe (« L’Inde avant l’Europe »), deux
historiennes montrent combien la culture indienne s’est construite,
entre 1200 et 1750, sur des interactions culturelles permanentes entre
plusieurs mondes. Vers 1200, des guerriers venus d’Asie centrale
prirent le contrôle du Nord de l’Inde, amenant avec eux un flot
d’immigrants instruits venus du monde musulman. « L’héritage ethnique
d’Asie centrale, l’influence culturelle perse et l’appartenance
religieuse islamique de ces classes dirigeantes introduisirent des
formes différentes d’art et d’architecture, de pensée et de pratique
politique, ainsi que de nouvelles techniques de guerre »,
écrivent-elles. Au fil des siècles se sont ainsi consolidées « les
fondations du paysage humain très diversifié de l’Asie du Sud moderne,
avec cette culture composite qui puise à des traditions à la fois
indiennes et islamiques et se décline en d’innombrables variantes
régionales », rapporte A.G. Nooreni dans le magazine indien Frontline.
L’arrivée des Britanniques en 1750 a bouleversé ce processus
d’hybridation culturelle. Persuadés que la société indienne était
divisée en communautés religieuses, et méfiants envers les musulmans,
les colonisateurs ont « intensifié et solidifié le sens des différences
religieuses sur le sous-continent ». Aujourd’hui, les nationalistes
hindous et musulmans refusent l’idée d’un héritage commun. Or, les
auteurs l’affirment : « La société et la culture d’Asie du Sud ne
peuvent être bien comprises sans prendre en compte les nombreux
échanges et interactions, parfois négatifs mais en majorité positifs,
entre les traditions et les peuples musulmans et non musulmans ».