Publié dans le magazine Books n° 19, février 2011. Par Dolores Gil.
Dans les cours qu’il donna aux États-Unis, dans les années 1950, l’écrivain affirmait sa conception originale de la littérature. Le vrai lecteur « caresse les détails » et « rend un culte à la moelle épinière ».
« Qui cherche un trésor examine chaque brin d’herbe », disait Vladimir Nabokov à ses élèves avides de littérature. Cette idée parcourt les notes qu’il a utilisées pour ses cours, dans les années 1950-1960, quand il enseignait dans les universités américaines de Cornell, Wellesley et Harvard. Des leçons au caractère parfois ésotérique : ce qui s’y est dit l’a été pour de rares et heureux initiés qui eurent le privilège d’écouter l’un des plus grands écrivains du XXe siècle parler de littérature.
Nabokov leur apprit, ni plus ni moins, à lire James Joyce, Cervantès, Kafka, Tolstoï, entre autres. Doté d’un œil critique d’une extrême acuité, ses leçons s’apparentent à des exercices d’entomologie, cette autre passion qui accompagna l’écrivain toute sa vie. Loupe à la main, il dissèque le texte, invite son auditoire à le regarder de près et à se lancer, selon ses propres mots, dans « une enquête de détective sur les structures littéraires ».
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