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Schopenhauer était grognon, méprisant, misanthrope et surtout misogyne, foncièrement solitaire, souvent méchant, enfin ultraconservateur voire rétrograde. Même sa mère le tenait à distance, lui écrivant qu’elle « le trouvait “horripilant, dominateur et insignifiant” – ce qui pousse à se demander ce que ses ennemis pouvaient bien dire de lui ! », ironise Terry Eagleton dans la London Review of Books. Mais toutes ces « qualités » ont informé sa philosophie à un degré presque jamais rencontré chez les autres (grands) philosophes. C’est du moins ce que veut montrer l’universitaire britannique David Bather Woods par cette biographie intellectuelle « dans laquelle il se penche davantage sur la vie de son sujet que sur sa pensée, comme toujours dans ce type de livre… Un genre très prisé des Britanniques », ironise encore Terry Eagleton. D’ailleurs Schopenhauer lui-même tournait en dérision l’approche biographique : « les semblables s’attirent, et les ragots méprisables d’un contemporain imbécile plaisent davantage que les pensées mêmes des grands esprits ». Mais David Bather Woods prévient l’objection en invoquant la circularité entre la pensée de Schopenhauer, sa personnalité et les circonstances de sa vie. « Expliquer le pessimisme philosophique de Schopenhauer par le chagrin et l’angoisse serait manifestement idiot – mais son vécu particulier peut éclairer certaines de ses thèses les plus surprenantes… et celles-ci permettent à leur tour d’interpréter certains aspects de sa vie. »
L’étude entremêle donc le récit biographique et l’analyse des grandes thèses du philosophe allemand (mort en 1860). Celles exposées dans son très complexe grand œuvre (1819, trois fois révisé), Le Monde comme volonté et comme représentation, et plus encore leurs conséquences explorées dans ses Parerga et Paralipomena (« Suppléments et Omissions», 1851), ouvrage beaucoup plus accessible. L’entrelacs entre les idées de Schopenhauer et ses propres circonstances psycho-biographiques commence avec le socle de sa théorie : son « pessimisme clairvoyant » reflète sa vision tragique de l’existence humaine dominée par la Volonté, un « vouloir vivre » universel et irrationnel qui fonde la dictature du désir et donc la souffrance ; quant à la « Représentation », c’est-à-dire la perception que nous avons du monde et sans laquelle celui-ci n’existerait pas (« Je suis le pivot du monde »), ne traduit-elle pas l’égocentrisme forcené d’un solitaire fuyant le contact avec ses semblables, traumatisé par l’expérience amère de sa jeunesse universitaire dans un Berlin ravagé par le choléra et qui en plus dédaignait ses travaux ?
Si Schopenhauer se déchaîne tant contre les philosophes rationalistes, Hegel surtout (« Un charlatan […] qui n’avait rien à dire mais le disait quand même »), c’est aussi que ce dernier refusait du monde dans ses cours alors que lui-même enseignait dans des salles presque vides. S’il légitime le « droit au suicide » au nom de sa vision tragique de l’existence, le probable suicide de Monsieur Schopenhauer père contribue à expliquer cette position très avancée pour l’époque. Idem pour sa misogynie rageuse, qui doit beaucoup au dédain que sa mère lui témoignait. Une mère par ailleurs romancière à succès et fleuron de la bonne société de Weimar, d’où l’acharnement de son fils à dézinguer les valeurs de ladite société : l’amour romantique, alors si en vogue (juste un déguisement du désir sexuel et de l’absurde volonté de procréer); le mariage bourgeois (une entrave à la liberté créatrice) ; la sanctification de la monogamie (une entrave à la liberté tout court) ; l’exaltation de la polygamie (plaidoyer pro domo !)… Il vilipende la justice punitive officielle – la terre n’est-elle pas déjà « un bagne à ciel ouvert » ? – et lui préfère les sanctions dissuasives ; mais lors d’un long voyage touristique avec sa famille dans sa jeunesse n’a-t-il pas assisté à des exécutions et visité des prisons, des bagnes et des asiles psychiatriques ? C’est donc en toute connaissance de cause que le proto-freudien Schopenhauer dénoncera ensuite le sort fait aux fous, qui ne sont que les victimes de répressions mentales contre lesquelles ils luttent en vain. Tout cela est bien triste. Mais si Arthur était né avec un tempérament joyeux au sein d’une famille heureuse et équilibrée, il n’y aurait pas eu le Schopenhauer que tant de grands esprits admireront, de Nietzsche et Freud à Kafka et Cioran.
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Les intelligences artificielles (notez le pluriel) sont nos enfants. Il est temps de réfléchir sérieusement aux moyens de les éduquer. Sans quoi ils risquent de faire n’importe quoi. S’il est temps, c’est que les voilà au seuil de l’adolescence, et que déjà, à bien des égards, ils semblent nous échapper. Si nous n’agissons pas rapidement, ils prendront en mains leur propre éducation – une évolution sur laquelle nous n’aurons plus aucune prise. « Notre génération d’êtres humains est la dernière à être les parents de notre progéniture IA, écrit De Kai. Bientôt ils s’élèveront eux-mêmes. »
D’origine chinoise, De Kai est né aux États-Unis. Il y a fait carrière, même s’il a noué des liens étroits avec l’université de science et de technologie de Hong Kong. C’est là qu’il a développé les outils IA de traduction qui nous sont familiers, dont Google Translate. Également pianiste et compositeur, il est imprégné des valeurs des Lumières, qu’il promeut dans son think tank américain The Future Society.
Comme les enfants, les systèmes IA sont « malléables, vulnérables et impressionnables », résume Adrian Woolfson dans Science. Bien qu’ils ne soient pas de nature biologique, ils ont en eux une forme de « psychologie ». Et comme pour les enfants, la façon dont nous les élevons, les concevons, les entraînons, leur apprenons à agir, va déterminer leur trajectoire morale. Or aujourd’hui, « à l’aube de la civilisation IA », écrit De Kai, les systèmes en question sont largement non régulés, profondément opaques et dominés par les intérêts d’une poignée de géants de la tech, dont l’unique objet est de maximiser leurs profits. Résultat : nous sommes les victimes inconscientes d’« influenceurs artificiels » qui tendent à renforcer nos penchants malsains et nos préjugés.
L’enjeu est de définir des stratégies qui imprègnent les systèmes AI des valeurs des Lumières et leur confèrent à la fois une « empathie artificielle » et une « conscience artificielle ». Or engager une telle « hyper-évolution culturelle » est à notre portée, estime De Kai. Les moyens techniques existent, encore faut-il les développer.
[post_title] => Sus aux influenceurs artificiels !
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Un célèbre livre jeunesse américain, Charlotte's Web (1952), a vu son titre détourné par le Department of Homeland Security des États-Unis pour baptiser une opération d’arrestation et d’expulsion de migrants en Caroline du Nord. Ce choix a de quoi surprendre – ce roman met en scène l’amitié entre un cochon et une araignée ; l’un des thèmes centraux est la solidarité, bien loin de la violence et de la stigmatisation associées à cette opération. L’opération, menée notamment par l’Immigration and Customs Enforcement (ICE), a entraîné des interpellations nombreuses, parfois arbitraires selon des témoignages et des vidéos relayées sur les réseaux sociaux.
Un procès s’ouvre à Berlin contre cinq hommes accusés d’une vaste escroquerie – dite « faksimile-betrug » – ayant visé des collectionneurs, majoritairement âgés. Entre octobre 2022 et mai 2025, cette bande aurait proposé de racheter des fac-similés (rééditions d’ouvrages anciens), présentés comme rares et promettant une revente lucrative. Avant tout rachat, les victimes étaient contraintes de verser une « caution », parfois élevée – jusqu’à 99 000 €. Le mécanisme était orchestré avec soin : bureaux fictifs, démarchage téléphonique, rendez-vous à domicile – un dispositif visant à inspirer confiance.
Lors d’un « town-hall » à Samcheok (province de Gangwon‑do, Corée du Sud), une institutrice a demandé la poursuite de la construction d’une bibliothèque publique, dénonçant le manque d’accès à la lecture pour les enfants. Depuis cette prise de parole, elle fait l’objet de plaintes, de menaces (notamment des appels anonymes et des messages violents) et d’accusations à l’encontre du statut d’agente publique. Les pressions se sont poursuivies deux mois durant, provoquant pour la victime une anxiété grave ; seuls les reproches institutionnels ont été officiellement abandonnés.
Un homme d’une cinquantaine d’années a été arrêté à Kota Bharu (Malaisie) pour avoir volé des livres dans deux bibliothèques – l’une publique, l’autre privée – puis les revendre sur Facebook. Alertée après qu’un collègue eut repéré des ouvrages mis en vente, la police a exploité des vidéos montrant le suspect dissimuler des livres dans ses vêtements. Des dizaines d’ouvrages sont portés manquants ; le préjudice global n’a pas été chiffré. L’homme a reconnu les faits pour les deux bibliothèques, et reste sous enquête.
Le gouvernement japonais lance un plan pour soutenir les librairies face à la baisse continue du lectorat. Objectifs : moderniser les librairies (gestion des stocks via puces RFID, équipements numériques), réduire les invendus, et renforcer la coopération entre librairies et bibliothèques. L’enjeu est double : éviter la disparition des commerces de proximité et relancer l’accès au livre sur l’ensemble du territoire.
Un exemplaire en excellent état du numéro 1 du comic Superman #1, publié en 1939, a été vendu aux enchères le 20 novembre pour 9,12 millions de dollars – soit près de 8 millions d’euros. Retrouvé en 2024 dans le grenier familial d’un trio de frères après le décès de leur mère, le comic était dissimulé sous des journaux et laissé dans une boîte. Noté 9/10 par l’organisme de cotation spécialisé (la meilleure note connue pour ce titre), il devient ainsi la bande dessinée la plus chère jamais vendue – détrônant Action Comics #1, adjugé 6 millions de dollars en 2024.
[post_title] => La revue de presse d'ActuaLitté
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Il fallait un chercheur grec installé à Londres pour le découvrir : l’Occident, au sens moderne du terme, est une idée française. Elle a été formulée par Auguste Comte dans les années 1840, après qu’a émergé, dans les années 1830, la crainte toute nouvelle du pouvoir russe. Il s’agissait de nommer une « entité civilisationnelle », écrit Hans Kundnani dans le Times Literary Supplement, qui excluait la Russie. L’idée plongeait bien sûr ses racines dans un passé plus lointain, à commencer par la séparation entre l’empire romain d’Occident et celui d’Orient, berceau de la religion orthodoxe. C’est à partir des écrits de Comte que le concept de « West » a été exporté en Angleterre et aux États-Unis. L’aspect le plus nouveau était peut-être l’exclusion de la Russie, car au XVIIIe siècle, après Pierre le Grand et avec Catherine II, celle-ci était pleinement considérée comme européenne. À preuve son inclusion dans le congrès de Vienne en 1814-1815. Comte, qui avait créé la Revue occidentale, intégrait dans sa conception de l’Occident les nouveaux États d’Amérique fondés par les colons européens. L’ensemble civilisationnel ainsi constitué représentait à ses yeux « l’élite de l’humanité ». Il lui promettait un avenir radieux, imprégné de sa « philosophie positive », libéré de toute forme de conflit intérieur ou extérieur.
[post_title] => L’Occident, une idée contre la Russie
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Né en 1979, Hu Anyan raconte sa vie de livreur à Pékin – livreur d’objets commandés en ligne, ce dont les Chinois raffolent. Plus de 175 milliards de colis ont été livrés en 2024, soit 124 par personne, enfants compris, relève The Economist. Pour gagner le revenu mensuel qu’il recherche, Hu Anyan sait qu’il doit se faire 270 yuans pour chaque journée de travail, d’une durée de 11 heures, 26 jours par mois. Il compte deux heures pour préparer sa tournée. Comme il reçoit deux yuans par colis, il doit en livrer un toutes les quatre minutes pendant neuf heures. « Il s’est mis à considérer chaque minute comme un demi-yuan potentiel, écrit The Economist. Aller aux toilettes : un yuan. Payer et manger son repas : 25 yuans. Il a appris à moins boire d’eau et à sauter son déjeuner. » Tout accroc à ce beau programme est une catastrophe. Le pire : quand le client a fait une erreur sur l’adresse.
Publié en 2023, le livre s’est vendu à près de 2 millions d’exemplaires. Son succès ne s’explique pas seulement par la qualité du témoignage. L’économie chinoise s’étant ralentie, beaucoup d’entreprises ont licencié et réduit les salaires, et le nombre de personnes en situation précaire a beaucoup augmenté.
Le livre arrive en traduction chez Autrement en janvier prochain.
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On ne le voit pas, on ne le connaît que par ses effets, mais il a façonné la surface de notre planète et l’histoire de ceux qui vivent dessus. Il s’agit du vent, auquel le fameux géologue-journaliste britannique Simon Winchester, polygraphe et polymathe, consacre son dernier ouvrage sur les phénomènes naturels. La puissance du vent, explique-t-il, connaît deux extrêmes : il souffle à 372 km/h au sommet du mont Washington dans le New Hampshire aux États-Unis, à cause d’une configuration de la chaîne de montagnes qui concentre plusieurs courants ; à l’inverse, dans la zone de convergence intertropicale atlantique, il ne souffle parfois pas du tout (le pot-au-noir). Les vents eux-mêmes sont tantôt calamiteux tantôt bénéfiques, mais tous ont été longtemps tenus pour inexplicables. Les hommes de jadis ont donc sorti le joker traditionnel et les ont divinisés.
C’est à Sumer, où est née l’écriture et donc l’histoire, qu’on rencontre les premiers dieux/vents : ils étaient quatre, plus ou moins alignés sur les points cardinaux. Puis d’autres ont apparu partout ailleurs dans l’Antiquité : en Égypte, avec le dieu Taou, dont le hiéroglyphe représente une voile stylisée, symbole du vent du Nord qui permet aux bateaux de remonter le Nil ; en Chine où le vent (Feng) est transcrit par un caractère symbolisant peut-être les battements d’aile d’un oiseau fabuleux ; au Japon (Kaze) ; en Perse ; dans la Bible… Et bien sûr en Grèce, où Aristote a tenté dans le premier des quatre volumes de ses Météorologiques d’expliquer l’origine physique du vent – mais, reconnaît Simon Winchester, « même un penseur aussi logique qu’Aristote n’a pas pu y parvenir sans faire appel aux dieux ». Et d’ailleurs on voit encore au pied de l’Acropole d’Athènes l’octogonale Tour des vents, une sorte de station météo antique qui permettait d’identifier d’après leur direction les huit grands vents divinisés. Les navigateurs hawaïens quant à eux avaient dénombré et nommé plus de 600 vents qui circulaient entre leurs îles.
Plus tard, à force d’observation, les marins parviendront à comprendre les caractéristiques des vents et à les exploiter pour leurs voyages. Si bien que ceux dont les mécanismes de mieux en mieux connus sinon expliqués vont devenir une force majeure dans l’évolution de nos civilisations. Une force maîtrisée, comme les vents alizés – appelés moins poétiquement en anglais « vents commerciaux » (« trade winds ») – « qui ont déterminé l’histoire des échanges au sein du capitalisme global en orientant la direction des flux d’argent et de marchandises selon la spécifique circulation transcontinentale des vents favorables ou défavorables », résume Philip Hensher dans The Spectator. Mais aussi, et peut-être plus fréquemment, une force subie et fortuite, comme ces vents qui à la fin du XVIIe ont détourné la Grande Armada espagnole des rivages de l’Angleterre ou plus récemment qui ont poussé vers l’ouest le nuage radioactif de Tchernobyl, révélant la catastrophe nucléaire qui portera le coup de grâce à l’URSS aux abois. L’auteur consacre d’ailleurs beaucoup de pages aux vents nocifs : entre autres, les vents de sable du désert tels le khamsin du Sahara et le haboub soudanais, le meltem grec qui désespère les vacanciers, et même notre mistral qui met les nerfs à vif et servirait encore à ce jour de circonstance atténuante dans les procès pour violences domestiques. Et malgré les progrès considérables de la météorologie, les hommes d’aujourd’hui n’en ont pas fini avec les mystères aérologiques. « Des choses étranges et pas totalement explicables se produisent en effet dans le domaine du vent », s’étonne l’auteur. Alors qu’ouragans ou typhons semblent à la fois devenir plus fréquents et plus violents, un peu partout sur la planète, les vents traditionnels perdent en intensité et en vitesse voire disparaissent. C’est le « global stilling », ou « calme éolien global », une mystérieuse et sans doute déplorable « sécheresse de vent ».
Un géographe américain du début du XXe, Ellsworth Huntington, a proposé une variante de la théorie des climats de Montesquieu, fondée non sur les mœurs mais sur la biologie : selon lui, les peuples exposés par leur environnement venteux à de constants et imprévisibles aléas climatiques seraient biologiquement plus stimulés – donc plus énergiques et plus inventifs – que ceux confrontés à des climats irrévocablement chauds ou froids, comme sous les tropiques, dans les déserts ou au Grand Nord. Simon Winchester semble donner du crédit à ces idées controversées. Serait-ce parce que cet Anglais y voit une occasion de corriger la mauvaise réputation climatique de son île, accablée de vent et de pluie ?
[post_title] => Le vent continue de façonner notre histoire
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Il ne fait pas bon critiquer le wokisme dans les milieux de gauche. La déferlante anti-woke du trumpisme paraît délégitimer a priori toute initiative de ce genre. Paru il y a déjà un an, le livre de l’essayiste de gauche américain David Rieff est d’autant plus intéressant. C’est un réquisitoire. À ses yeux le wokisme n’est guère plus qu’une « version postmoderne des indulgences médiévales vendues par l’Église » pour permettre à tout un chacun de se dédouaner de ses péchés, un cache-sexe moral, un arsenal de « bonnes intentions » – qui serait même capable de « détruire ce que notre civilisation a de bon, sans améliorer ce qu’elle a de cruel et de monstrueux ». Il y voit aussi « l’expression d’une hypochondrie morale et sociale », car « nous vivons dans une culture dans laquelle ne pas se considérer comme une victime est une pathologie ».
Elle-même auteure d’un ouvrage intitulé « La gauche n’est pas woke », publié un an plus tôt, sa compatriote Susan Neiman profite du livre de Rieff pour préciser sa pensée, ce dans la revue intellectuelle de gauche par excellence, la New York Review of Books. Elle n’adhère pas au point de vue de Rieff, pour qui le spectacle des inégalités justifierait de restaurer la notion de classe sociale : « Alors qu’on voit des titulaires d’un doctorat conduire des Uber pour des millionnaires qui ne lisent rien », écrit-elle, vouloir substituer un « essentialisme » de classe à l’essentialisme de race promu par les woke serait remplacer une politique identitaire par une autre. Or l’identitarisme, voilà l’ennemi. Les woke ne se rendent pas compte qu’ils greffent sur leurs émotions de gauche des croyances qui sont celles de la droite traditionnelle. Des « thèmes centraux des woke, assure-t-elle, se trouvent dans l’œuvre du théoricien nazi Carl Schmitt : une adhésion nonchalante au tribalisme, la conviction que l’invocation de l’humanité est un stratagème frauduleux du libéralisme, la nostalgie de l’âge prémoderne ».
[post_title] => Non, le wokisme n’est pas de gauche
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La danse est l’art de l’éphémère. Une danse n’existe que le temps de son exécution, à laquelle elle est plus intimement liée qu’un morceau de musique ou une pièce de théâtre à leur interprétation. Les prestations du passé ne subsistent que par l’intermédiaire de quelques enregistrements pour les plus récentes et sous la forme de légendes pour les plus anciennes. Parfois, elles sont presque totalement oubliées. Sans avoir vraiment marqué l’histoire de la danse, la Hollandaise Darja Collin y a joué un rôle important aux Pays-Bas, un pays où cet art a longtemps fait l’objet d’un intérêt limité, voire de suspicion. Le journaliste Arend Hulshof s’est intéressé à elle après avoir lu l’histoire de la vie aventureuse de son compatriote Jan Slauerhoff, le poète et romancier dont elle a partagé les cinq dernières années. Il a découvert qu’elle aussi avait eu une existence romanesque, peu banale pour une jeune femme dans la Hollande puritaine de la première moitié du siècle dernier, et connu une notoriété dont il ne reste aujourd’hui quasiment rien.
Maria Frederika Louisa Collin est née en 1902 à Amsterdam dans une famille de musiciens. On l’appela tout de suite Darja. Deux ans après sa naissance, son père mourut. Ne pouvant à ce moment entretenir ses trois enfants, sa veuve plaça ses deux filles dans un internat tenu par les religieuses d’un monastère à proximité de Leyde. La discipline y était rigoureuse et les conditions de vie très dures. En 1912, les deux sœurs rejoignirent leur mère à Rotterdam, où elle s’était installée. Darja y suivit les cours du soir de danse donnés par Jacoba van der Pas, très influencée par le style d’Isadora Duncan. Pionnière de la danse libre, en rupture ouverte avec la tradition du ballet classique dont elle préconisait l’abandon, l’Américaine se produisait pieds nus en costumes pseudo-antiques avec des mouvements inspirés par la nature et censés imiter ceux du vent et de la mer.
Darja fut ensuite l’élève d’Angèle Sydow, qui mettait l’accent sur les techniques rythmiques et l’expression des émotions. Impressionnée par le talent de l’adolescente, elle avait consenti à lui donner des leçons gratuitement. Plus tard, elle continua à travailler quelque temps avec d’autres adeptes de la danse expressionniste. Mary Wigman avait développé une méthode d’enseignement en accord avec sa préférence pour les mouvements spontanés et naturels : loin de se plier aux indications de la chorégraphie, les élèves devaient apprendre à improviser en laissant s’exprimer leurs émotions profondes. Aux yeux de Gertrud Leistikow, même en groupe les danseurs devaient exprimer leur individualité. Tout tournait autour du moment présent et des sensations.
En 1922, après avoir été remarquée par un directeur de théâtre et imprésario, Darja s’embarqua pour New York pour une tournée de quelques semaines. Les journaux saluèrent l’arrivée dans le pays de celle que le New York Tribune présenta comme « an unusually beautiful girl ». Aux Pays-Bas, elle suscita l’enthousiasme de la presse mais un critique influent lui reprocha le manque de puissance et de personnalité de son style. La remarque la blessa. « En même temps, observe Arend Hulshof, elle réalisa qu’elle avait encore beaucoup à apprendre en tant que danseuse et qu’elle n’aurait peut-être jamais fini d’apprendre. »
Pour se perfectionner, elle se rendit à Paris auprès des grandes danseuses russes classiques qui avaient fui la révolution soviétique. Olga Preobrajenskaïa (dite « Madame Préo ») lui apprit à faire des pirouettes. Pour les mouvements des bras, elle s’adressa à Vera Trefilova. Elle visita aussi leur rivale Matilda Kschessinska, ancienne maîtresse de l’empereur Nicolas II. Darja se rendait compte qu’elle n’atteindrait jamais le niveau de ces danseuses qui, dès leur plus tendre âge, avaient travaillé les différentes positions durant de longues heures d’exercice à la barre. Mais elle rencontra un certain succès. Un musicologue la décrivit comme « échappée d’une fresque de Fra Angelico ou de Sandro Botticelli ».
Darja Collin prit résolument ses distances avec la vision des chorégraphes expressionnistes. Pour elle, souligne Hulshof, « un groupe devait être un groupe, et certainement pas une simple juxtaposition d’individus. Les émotions personnelles devaient être subordonnées à la danse […]. Le ballet ne devait certes pas être trop académique, ni trop scolaire, mais la technique et la beauté devaient en constituer la base. » Comme beaucoup de danseurs et chorégraphes du XXe siècle, elle s’efforça toute sa vie de combiner la rigueur du ballet classique et la liberté apportée par la danse moderne. Mais contrairement à la plupart d’entre eux, formée à l’école de la seconde elle dut apprendre tardivement le ballet classique dont, eux, partaient.
Lorsqu’elle fit la connaissance de Jan Slauerhoff, Darja avait connu un certain nombre d’aventures amoureuses sans lendemain : elle ne s’était jamais sentie engagée qu’envers la danse. Lui avait eu une vie sentimentale extrêmement remplie. Tout en menant une existence bohème et écrivant des poèmes, il avait étudié la médecine, s’était engagé comme médecin sur un navire en partance pour les Indes orientales néerlandaises, puis sur la ligne Java-Chine-Japon, enfin en Amérique latine. Peu de temps avant de rencontrer Darja, il s’était fixé dans son pays natal. Assistant en dermatologie à l’université d’Utrecht, il était devenu un poète connu. Il s’enflamma immédiatement pour Darja d’une passion intense. En 1930, ils se marièrent. Mais leur union ne fut pas heureuse longtemps. Durant ses voyages, Slauerhoff avait souffert d’hémorragies d’estomac et de crises d’asthme. En 1931, il retomba malade. Un an plus tard, en Italie où ils étaient partis se reposer, le couple perdit le petit garçon dont Darja était enceinte, mort-né. Elle se remit immédiatement à danser, tandis que Jan Slauerhoff sombrait dans la dépression. Il s’installa en Afrique du Nord. Les époux se voyaient peu. Il était très jaloux, leurs relations se détériorèrent et ils finirent par divorcer. Après un voyage en Amérique du Sud et un autre le long de la côte est de l’Afrique au cours duquel il fut victime d’un accès de malaria aggravé par un réveil de tuberculose, il ne revint une dernière fois en Hollande que pour y mourir, en 1936. Entretemps, Darja avait tourné dans un film policier de série B intitulé « Le mystère de la Sonate au clair de lune ». L’action se passe dans le milieu de la danse. Une ancienne danseuse est assassinée. Il y a de nombreux suspects. Darja y interprète une ballerine et on la voit danser – c’est le principal mérite du film.
Les artistes hollandais étaient les bienvenus dans les colonies. Darja se rendit à Java en compagnie du pianiste de son école de danse, d’un de ses danseurs et d’une de ses élèves qui fut sa meilleure amie toute sa vie, Edmée Monod de Froideville. Le groupe y dansa sur des musiques de Scarlatti, Mozart, Chopin et Debussy. À peine de retour aux Pays-Bas, Darja voulut repartir. L’Indonésie lui manquait. Mais elle décida de retourner d’abord à Paris, en compagnie d’Edmée. Ce second séjour en France, suggère Hulshof, fut peut-être la période la plus heureuse de sa vie. Elle revint s’entraîner chez Vera Trefilova et Madame Préo. La presse française souligna son professionnalisme. En 1939, elle ouvrit à Paris sa propre école de ballet.
Peu de temps auparavant, elle avait entamé une liaison avec le baron anglais Sir James Corry, qui se présentait comme son fiancé. Elle et Edmée rêvaient de se rendre en Australie ou aux États-Unis. Les événements les forcèrent à précipiter leur départ. Le 4 juin 1940, une semaine avant l’entrée des troupes allemandes à Paris, elles embarquèrent à Marseille pour Java. Le voyage fut long et pénible. Elles avaient des billets de troisième classe. Pour éviter par prudence le passage par le canal de Suez, le bateau devait emprunter la route du Cap. Pour des raisons indirectement liées au conflit entre partisans du général de Gaulle et ceux du régime de Vichy, elles durent descendre à Pointe-Noire et poursuivre leur voyage par la terre en passant par Brazzaville, Léopoldville et Johannesburg. Après un séjour à Durban et quatre mois de voyage, elles arrivèrent à Java.
Elles restèrent deux ans en Indonésie, donnant des spectacles à Java, Sumatra, Bornéo et dans les Célèbes. La progression des troupes japonaises en direction de l’archipel les força à fuir en Australie. Elles y demeurèrent jusqu’à la fin du conflit, dansant partout et menant une vie sociale intense. Durant les derniers mois, elles se produisirent devant les troupes alliées en Nouvelle-Guinée, ainsi que Marlene Dietrich, Frank Sinatra et Bob Hope l’avaient fait dans d’autres régions du monde. Mais lorsque le commandant en chef des forces australiennes, Thomas Blamey, leur demanda d’exécuter une représentation privée pour lui-même et son personnel, Darja lui répondit vertement : « Général Blamey, nous ne faisons pas partie de l’armée et je ne suis pas à vos ordres. Nous ne danserons pas pour vous. »
Elle revint en Europe en passant par New York. Edmée était restée en Australie. Avec le temps, les relations entre Darja et James Corry, qui était intervenu à plusieurs reprises à distance pour l’aider, s’étaient distendues. Un an après la fin de la guerre, il se maria avec une autre femme, sortant définitivement de sa vie – dans laquelle il n’était en réalité jamais entré. Nommée en 1949 à la tête de la compagnie nationale de ballet des Pays-Bas, Darja en abandonna rapidement la direction. Elle s’installa en Italie. Pour pouvoir y résider, elle contracta un mariage blanc avec un vieil Italien désargenté en échange d’une somme modique. À Florence, elle ouvrit une école de danse où elle enseignait dans toute leur rigueur les techniques du ballet classique. Elle incitait ses élèves à étudier la littérature et l’histoire comme elle l’avait fait elle-même. Des danseurs italiens vinrent la voir pour bénéficier de ses méthodes. Elle habitait un appartement en compagnie de l’ancien pianiste de Gertrud Leistikow et sa femme, avec lesquels elle formait une sorte de curieux ménage à trois. Ses journées très chargées et bien réglées se déroulaient entre cet appartement et l’école. Onze ans après avoir quitté les Pays-Bas, elle revint quelques jours à La Haye, pour revoir Edmée, qui y était de passage. Elle mourut de leucémie en 1967, à l’âge de 64 ans. « Une créature rare », disait d’elle Edmée, qui affirmait avoir appris à ses côtés plus que de n’importe qui. Mais « lorsque je parlais de mon projet [d’écrire sa biographie] dit Arend Hulshof, je devais presque toujours expliquer qui elle était. Les rares personnes à qui son nom disait quelque chose la connaissaient comme l’ex-femme de Jan Slauerhoff. Certains spécialistes de la danse savaient que Darja avait été ballerine, mais même eux étaient incapables de me dire quelle était son importance pour la culture de la danse aux Pays-Bas, de m’indiquer son style, les influences qu’elle avait subies. »
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Un homme de 41 ans, résidant à Castrezzato, en Italie, a été arrêté après avoir quitté la bibliothèque communale de Rovato en emportant plusieurs DVD dissimulés sous son manteau. La perquisition à son domicile a permis de saisir 195 livres et 925 DVD, provenant d’au moins 32 bibliothèques de la région pour une valeur estimée à 25 000 €. À lire sur ActuaLitté
Depuis début novembre 2025, l’Iran Academia et plusieurs chercheurs et traducteurs en Iran font face à une vague de répression : perquisitions, arrestations ou convocations de personnalités intellectuelles, sous couvert « d’influences culturelles déstabilisantes ». Fondée en 2012, l’initiative Iran Academia proposait des cours en ligne en langue persane pour des étudiants exclus du système officiel. Des universitaires à l’étranger lancent un appel mondial demandant l’arrêt de cette offensive contre la liberté académique. À lire sur ActuaLitté
Au Québec, près de 82 % des personnes déclaraient avoir lu au moins un livre au cours de l’année : un chiffre certes élevé, mais qui cache des nuances. D’importantes disparités apparaissent : les ouvrages d’auteurs québécois représentent moins de deux lectures sur cinq parmi les lecteurs. Cette statistique demande donc à être interprétée au-delà de sa valeur brute. À lire sur ActuaLitté
En Algérie, le poète et militant Mohamed Tadjadit, figure du mouvement Hirak, a été condamné à cinq ans de prison par le tribunal criminel d’Alger pour « apologie du terrorisme », ainsi qu’à une amende de 200 000 dinars. Une vingtaine d’ONG dénoncent une procédure « sans fondement » et jugent cette condamnation comme une nouvelle attaque contre la liberté d’expression. À lire sur ActuaLitté
En Indonésie, la vague de manifestations d’août 2025 contre les inégalités et l’augmentation du coût de la vie a entraîné des arrestations et des perquisitions dans plusieurs provinces. Java Oriental, la police a saisi « 11 livres sur l’idéologie anarchiste », parmi lesquels figurent des titres de Emma Goldman et Che Guevara – présentés comme preuve de radicalisation. Pour Human Rights Watch, l’arrestation doit se fonder sur des actes, non sur la lecture d’ouvrages. À lire sur ActuaLitté
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L’origine des langues indo-européennes reste controversée. Nous avons rendu compte en mai dernier du livre de Laura Spinney, Proto. Une belle démonstration de journalisme scientifique : elle expose clairement et dans un style accessible l’historique d’une question qui oppose les spécialistes depuis près de deux siècles. La théorie longtemps en vigueur fut celle d’une origine « steppique » : les premiers locuteurs d’un proto-indo-européen étaient des nomades vivant au nord de la mer Noire environ 4 000 ans avant notre ère. Leur avantage était d’avoir domestiqué le cheval. De là ils ont propagé au loin, tant vers l’est que vers l’ouest, une langue qui s’est subdivisée en une grande famille dont la moitié des humains actuels sont les locuteurs. La théorie a été mise à mal dans les années 1980 par l’anthropologue Colin Renfrew, qui lui a substitué l’idée d’une progression lente des agriculteurs du Croissant fertile, au sud du Caucase à partir du Néolithique, 8 000 ans avant notre ère. Et puis la théorie steppique a repris du poil de la bête, grâce aux avancées de la génétique : l’ADN des squelettes plaide à nouveau pour une forte contribution des nomades yamnayas des steppes du nord des mers Noire et Caspienne, dont nous savons qu’ils ont déclenché d’importantes migrations vers l’Europe et l’Asie centrale au début de l’âge du bronze, vers 3 000 avant notre ère. L’un des plus ardents défenseurs de la thèse est l’archéologue américain J. P. Mallory, dont le livre savant (non spécialistes s’abstenir) développe les arguments avec la prudence du savant : face aux multiples hypothèses concurrentes, c’est « la moins mauvaise solution », conclut-il. Une position « d’une honnêteté rafraîchissante », juge le philologue James Clackson dans le Times Literary Supplement.
Pas si rafraîchissante que ça, objecte le linguiste australien Robert Cerantonio sur le site Linguistics and Nonsense. Selon lui, Mallory évacue un peu rapidement l’héritage du Levant, autrement dit du Croissant fertile. Tout en rendant hommage à la rigueur de l’auteur, dont il reconnaît la science, il lui reproche un fort biais « steppique ». D’après lui les données mêmes que Mallory aligne pour défendre sa thèse pourraient servir à défendre la thèse contraire, à savoir que « la terre natale du proto-indo-européen est au sud du Caucase » et qu’il y avait en réalité « un lien direct entre le proto-indo-européen et la famille des langues afro-asiatiques », autrement dit des langues sémitiques. Allez savoir. Cerantonio n’est pas tendre non plus avec Laura Spinney. Il admire son travail de vulgarisation mais énumère plusieurs erreurs dans son livre, dont celle-ci, dont on appréciera la portée : elle dit que le « p » latin devient le « f » anglais, « alors que le proto-indo-européen *p est devenu p en latin et f dans les langues germaniques, dont l’anglais ».
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