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Ah, enfin l’été. Or qui dit été dit vacances, et donc – vous n’y couperez pas – photos de vacances. Les plus de 20 ans se souviennent forcément de l’excitation qui précédait le développement d’une pellicule, avant de découvrir dans une pochette Kodak ­l’accumulation de paysages mal cadrés, de vêtements à fleurs, de coups de soleil et de sourires crispés. À l’heure du numérique et des réseaux sociaux, les règles ont changé. Pour le dire rapidement, les photos de vacances se sont professionnalisées. D’abord parce que, à l’ère d’Instagram, une grande partie d’entre elles sont désormais destinées à un public susceptible de « liker » ces publications estivales. Ensuite parce qu’une poignée d’individus – désignés dans le langage courant par le terme « influenceurs » – ont transformé leur mise en scène en activité lucrative afin de constituer une base croissante d’abonnés à monétiser. Dans cette optique, tout compte : la lumière, le cadre, la pose, les accessoires. Or, quel meilleur accessoire qu’un livre ? 

Notre époque a du talent, et elle a par conséquent décidé de répondre à cette ques­tion par un nouveau métier : book stylist, en anglais dans le texte. C’est en mai dernier, dans un article édifiant du New York Times, que j’ai découvert l’existence de ce conseil en image d’un nouveau genre, etles bras m’en sont tombés 1. Alors qu’ils roulaient sur le sol de mon appartement, j’ai appris dans ce même papier que, pour un ticket allant de 500 à 200 000 dollars (j’imagine que tout dépend de la taille de votre salon), vous pouvez désormais faire appel à un couple de stylistes de bibliothèque new-yorkais pour harmoniser vos livres à la décoration de votre intérieur. On savait déjà que certains oligarques étaient susceptibles de commander à des libraires des ouvrages au poids, voire au mètre. Ils pourront désormais aller au bout de leur logique en proposant à leurs invités une splendide bibliothèque d’apparat, dont les couleurs s’accorderont de surcroît à un mobilier hors de prix. Mais revenons à nos book stylists. Sur un yacht, à la sortie d’un défilé de mode ou sur une plage paradisiaque, leur mission est simple : permettre à leurs clients de glaner un peu de capital symbolique tout en complétant leur tenue. La cible ? Des mannequins paparazzables et des influenceurs en vacances sponsorisées, dont chaque publication est scrutée par des millions de personnes. 

Dans l’une de ses plus célèbres mythologies, intitulée « L’écrivain en vacances », Roland Barthes consacrait quelques pages à un reportage photo du Figaro présentant des plumes célèbres en villégiature 2. Avec la publication de ces images dans un journal à grand tirage, il s’agissait selon lui de « joindre au loisir banal le prestige d’une vocation que rien ne peut arrêter ni dégrader ». Aujourd’hui, la logique est à la fois comparable et inversée. Si « Gide lisait du Bossuet en descendant le Congo », le mannequin Gigi Hadid lisait peut-être du Camus sur une plage de Cabo. Car, ici, peu importe que le livre mis en avant soit lu, il sera vu, et le monde de l’édition ne crachera pas sur cette possibilité de doper les ventes. À ceux qui seraient tentés de pousser des cris d’orfraie face à cette tendance qui va à l’encontre de la sacralité de l’écrit et de l’intimité de la lecture, une jeune consultante interviewée par le New York Times oppose : « On peut toujours se moquer et se demander si ces personnes lisent réellement ces livres ou si elles se contentent de se faire photographier avec. Personnellement, j’adore lire, et je m’en fiche. Au lieu de faire semblant de lire, elles pourraient tout aussi bien ne pas lire, et par-dessus le marché ne jamais parler de livres à qui que ce soit. » Et d’ajouter, évoquant les nouvelles rentrées d’argent possibles pour les éditeurs : « Vous pouvez poser la question à n’importe quel auteur : ils souhaitent tous être lus, mais ce qu’ils veulent avant tout c’est pouvoir continuer à écrire. » Malheureusement, à cela il n’y a rien à redire.  

— Floriane Zaslavsky est sociologue. Elle a publié avec la journaliste Célia Héron Dernier Brunch avant la fin du monde (Arkhê Éditions, 2020).

[post_title] => Le livre : votre accessoire de l’été [post_excerpt] => [post_status] => publish [comment_status] => open [ping_status] => open [post_password] => [post_name] => le-livre-votre-accessoire-de-lete [to_ping] => [pinged] => [post_modified] => 2022-06-30 07:23:11 [post_modified_gmt] => 2022-06-30 07:23:11 [post_content_filtered] => [post_parent] => 0 [guid] => https://www.books.fr/?p=119996 [menu_order] => 0 [post_type] => post [post_mime_type] => [comment_count] => 0 [filter] => raw )
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À quoi pourrait bien servir un débat si ce n’est à permettre aux contradicteurs et à leurs auditeurs de se rapprocher de la vérité ? Hélas, dans les faits, nos débats, et en particulier les débats politiques, semblent ne mener nulle part et laissent le plus souvent toutes les parties insatisfaites, à grand renfort de « Je ne vous ai pas interrompu », ou du plus pénible encore « Ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit ! ». 

À suivre les controverses politiques et sociales, on pourrait en effet avoir l’impression que personne n’a jamais dit ce qu’on lui fait dire, et c’est peut-être là un problème au cœur de nos difficultés à discuter et à nous entendre. La charge porte même un nom en rhétorique, c’est le fameux « argument de l’homme de paille ». La technique consiste à déformer l’argument d’un opposant afin d’en faire un propos faible ou ridicule, évidemment plus facile à réfuter. Tous les manuels de logique, d’argumentation et d’éducation à l’esprit critique tancent ce stratagème, jugé irrationnel, malhonnête et improductif. Et pourtant, il est omniprésent : nous passons un temps fou à disqualifier des idées qui ne sont soutenues et avancées par personne. Il est peut-être temps de se demander pourquoi !

Les philosophes Scott Aikin et John Casey, respectivement de l’université Vanderbilt et de la Northeastern Illinois University (NEIU), aux États-Unis, se sont récemment attelés au problème dans un livre entièrement consacré à « l’homme de paille » 1. Il en ressort une analyse étonnamment complexe : il semble, ironiquement, que l’homme de paille ait été assez mal caractérisé jusqu’à présent. 

Les gens se plaignent fréquemment que leurs propos ont été déformés, sortis de leur contexte, tronqués ou même inventés de toutes pièces. L’homme de paille prend donc déjà plusieurs formes, qui peuvent aller de la légère altération d’un argument à sa fabrication complète, d’où les répliques variées qu’il suscite : « Ce n’est pas ce que j’ai dit ! », « Vous m’avez mal compris ! », « Je n’ai jamais dit ça ! ». Pourtant, ce n’est pas dans la méreprésentation d’un argument que réside le caractère fallacieux de l’homme de paille. Il est en effet légitime, et même nécessaire, de reformuler, compléter, résumer ou recadrer les arguments d’autrui dans un débat, et cela peut même aider à mieux s’accorder. Les hommes de paille, d’autre part, sont inévitables quand on présente des idées complexes, quand on choisit un angle particulier ou quand on s’efforce d’être didactique.

Quel est le problème, alors ? Toute la perversité de l’homme de paille réside dans sa fonction méta-argumentative. Il est fallacieux dans le sens où il présente l’adversaire comme plus mauvais qu’il ne l’est réellement, ce qui permet de clore le débat prématurément. Il s’adresse d’ailleurs rarement à la personne ciblée, qui perçoit naturellement que les propos qu’on lui présente ne sont pas les siens, ce qui le rend immédiatement inefficace (à moins, comme le font les manipulateurs, de convaincre la personne qu’elle a dit ce qu’elle n’a pas dit). Un homme de paille sert essentiellement à signifier au public, et en particulier à un public déjà acquis à notre cause, que nos adversaires ont des arguments tellement grotesques et honteux qu’ils ne méritent même pas d’être discutés. On coupe ainsi court à la discussion raisonnée, dans la mesure où « on ne discute pas » avec des gens aussi bornés et immoraux.

L’homme de paille ne déforme pas simplement un argument, il disqualifie l’orateur et ferme donc la discussion. Mais on peut aussi s’auto-empailler ! Celui qui s’écrie « Ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit ! » a très bien pu dire ce qu’on lui fait dire, et c’est alors lui qui produit un homme de paille en se présentant comme un homme de paille... Et il en va ainsi de la majorité de nos débats, qui tardent rarement à devenir des méta­débats où des hommes de paille s’éventrent mutuellement, sans espoir d’avancer vers la vérité. 

— Sebastian Dieguez est chercheur en neurosciences au laboratoire de sciences cognitives et neurologiques de l’Université de Fribourg, en Suisse. Il est l’auteur de Total Bullshit ! Au cœur de la post-vérité (PUF, 2018).

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La bêtise serait responsable de bien plus de dégâts dans l’histoire humaine que toutes les armes et tous les virus réunis. P. 9

La guerre est du terrorisme autorisé. P. 10

Les hashashin étaient les premiers terroristes de l’Histoire. P. 19

La plupart des correspondants de guerre souffrent du syndrome de stress post-traumatique. P. 34

Pour un journaliste, comment faire la part entre objectivité et neutralité, entre les faits et la morale ? P. 36

Churchill était favorable à l’emploi du gaz pour mater les tribus rebelles. P. 46

Dans les sociétés latino-américaines du XVIIe siècle, les hommes qui s’habillaient en femme pouvaient être accusés de sodomie, un crime passible du bûcher. P. 54

Dans la Tchoukotka sibérienne, il peut neiger à la mi-août. P. 55

L’Afghanistan entretenait des relations étroites avec le régime hitlérien. P. 79

On vit une époque formidable de tartufferie. P. 83

Nous passons un temps fou à disqualifier des idées qui ne sont avancées par personne. P. 87

La coexistence de plusieurs talents a tendance à créer des synergies, l’un étayant l’autre. P. 97

L’historien attrape le type de faits qu’il recherche. P. 98

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Amis de la ligne claire, du ­réalisme et des histoires tirées au cordeau, passez votre chemin. Le monde mis en scène ici est peuplé de légendes, de démons, de figures héroïques, de champignons géants et d’une épée magique. Le récit emprunte tout à la fois aux contes de notre enfance – l’épée du roi Arthur – et aux créations audiovisuelles : ainsi du personnage du « héros », peau bleue et oreilles pointues, qu’on pourrait croire sorti d’Avatar, le film de James Cameron ; ainsi du château du Royaume du Nord, où l’héroïne est envoyée en mission, qui évoque la série Game of Thrones.

En quelques mots : Ania, la fille adoptive d’une reine qui concentre tous les pouvoirs (magiques), est destinée à lui succéder. Ce n’est pas une gentille princesse mais une fille au caractère bien trempé – comme l’acier de l’épée qui donne son titre à l’album. La souveraine a pourtant une nombreuse descendance officielle, dont des fils prêts à dégainer leur couteau pour se faire une place. Mais les apparitions masculines sont rares et brèves dans ce récit – et généralement négatives. 

La légende fondatrice du royaume veut qu’« il y a très, très longtemps, les jumeaux héritiers du trône se disputèrent une épée qui conférait à celui qui la possédait le pouvoir de gouverner » et que leur violent affrontement réveilla un puissant démon qui sema la destruction et la désolation. Mais, à peine avancé, ce récit est remis en cause par Ania : elle n’en croit pas un mot, forte de l’observation d’une fresque qui orne des ruines où elle trouve souvent refuge, captivée par cette bande dessinée lithographiée. Celle-ci (une « vérité alternative » ?) évoque un héros doté d’une épée magique qui arriva dans le royaume avec la mission de donner à la population des pouvoirs magiques afin de répandre le bien. Mais, pris à partie par le démon, il dut s’enfuir en abandonnant son épée. Le peuple perdit ses pouvoirs magiques, les­quels furent jalousement récupérés par la reine, qui cherche désormais à y initier Ania.

Nous sommes ici typiquement dans une histoire de transmission, de passage à l’âge adulte. Pour parvenir à ce stade, Ania devra perdre une main et affronter un démon – ses démons – selon le schéma classique. Elle ne réussira qu’avec l’aide de sa mère adoptive.

Certes, la structure familiale habituelle des contes de fées – le roi, la reine et un(e) enfant – est un peu chahutée. Ici, uniquement des génitrices : la mère biologique d’Ania et la reine, dont la lignée de rejetons est plus étoffée encore que celle du Petit Poucet (il est d’ailleurs question, au fil du récit, d’une étrange forêt dans laquelle Ania va demeurer pendant des jours et des jours). 

De plus, le héros – le personnage à l’épée magique – n’est pas précisément un modèle du genre : « Il a menti à tout le monde en faisant croire qu’il serait le sauveur pour finalement les abandonner à leur sort », dit de lui Ania à son amie Élisa. Enfin, le démon, quoique fort grand et fort noir, n’est pas vraiment effrayant : sa bouche en zigzag peut presque évoquer le rire, et il ne dévore personne ; seule la reine, qui est elle aussi un personnage complexe, lui abandonnera un bras. Serait-ce une forme de punition pour avoir confisqué tous les pouvoirs à son profit, pouvoirs qu’Ania souhaite partager avec les sujets du royaume ?

La question du pouvoir, de son exercice solitaire, des risques qu’il y a à le partager avec ceux qui pourraient en faire un usage dévoyé traverse en effet le récit. Un récit plein de méandres, parfois un rien nébuleux, qui autorise maintes lectures et interprétations – mais un récit aux tons chatoyants, aux décors foisonnants et saturés de couleurs, qui entraîne son lecteur dans un monde tout à la fois familier et inconnu.

Le conte se termine dans le sud du royaume, là où la terre s’arrête, avec une Ania décidée à se débarrasser d’un passé qui ne la concerne plus. Et où, peut-être, tout peut commencer ou recommencer, comme la dernière planche le laisse imaginer. 

— O. C.

[post_title] => Épée : nom féminin, singulier [post_excerpt] => [post_status] => publish [comment_status] => open [ping_status] => open [post_password] => [post_name] => epee-nom-feminin-singulier [to_ping] => [pinged] => [post_modified] => 2022-06-30 07:22:47 [post_modified_gmt] => 2022-06-30 07:22:47 [post_content_filtered] => [post_parent] => 0 [guid] => https://www.books.fr/?p=120015 [menu_order] => 0 [post_type] => post [post_mime_type] => [comment_count] => 0 [filter] => raw )
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Dune page à l’autre, entre les bruissements des feuillets lentement tournés, le silence de la lecture se fait de plus en plus pesant pour qui se plonge dans les visions offertes – en noir et blanc ou en couleurs – par ce livre de photos. Calme ici. Là-bas fracas, cris, larmes, douleur, peur et pire : silence de mort. Parfois des rires d’enfants, un geste de résistance, le ronronnement de la vie malgré tout. C’est la guerre, tentaculaire, cacophonique, vue à travers le prisme de huit regards. Tous différents, ils ont cependant un point commun, énoncé dans le titre même de ce livre-catalogue, puissant concentré de l’exposition visible jusqu’au 31 décembre 2022 au musée de la Libération de Paris-musée du général Leclerc-musée Jean Moulin : Femmes photographes de guerre

Elles sont huit, donc, « sélectionnées pour leur travail d’une qualité indiscutable, récompensé par des prix prestigieux, souligne Sylvie Zaidman, directrice du musée et commissaire de l’exposition. Par la force de leurs images, elles ont chacune laissé leur empreinte sur la mémoire des conflits dont elles ont témoigné. » Elles, ce sont Gerda Taro et Lee Miller, nées au tout début du XXe siècle, qui ont rapporté des clichés de la guerre d’Espagne pour l’une et de la fin de la Seconde Guerre mondiale pour l’autre ; Christine Spengler, Françoise Demulder, Catherine Leroy et Susan Meiselas, enfants des années 1940 qui ont fait leurs débuts sur les fronts de la guerre froide – Vietnam, Cuba, Angola, Nicaragua... ; et enfin leurs cadettes Carolyn Cole et Anja Niedringhaus, entrées dans le métier avec les conflits des années 1990 et 2000 – Yougoslavie, Irak, Afghanistan...

Trois générations de femmes photojournalistes, soixante-quinze ans de guerres : le livre, enrichi de biographies, donne à voir l’évolution du statut de ces chasseuses d’images au sein d’un métier qui fut exclusivement masculin jusque dans les années 1920. En 1992 encore, « il aura fallu six semaines à Anja Niedringhaus, et une lettre chaque jour à son chef de la European Pressphoto Agency, pour être enfin autorisée à couvrir la guerre des Balkans », relate l’his­torienne de la photo Anne-Marie Beckmann. 

C’est dire le courage pugnace de ces femmes qui, toutes jeunes, se démènent pour partir témoigner de la guerre, qui connaissent la peur, parfois la détention, les blessures et pire (Gerda Taro et Anja Niedringhaus sont mortes en mission). Il arrive aussi qu’elles doivent batailler pour vendre des clichés qui contrarient les attentes de leur employeur : ainsi l’image devenue iconique de cette Palestinienne implorant un milicien chrétien, prise en 1976 à Beyrouth par Françoise Demulder, a failli ne jamais être publiée ; ou ces photos de Susan Meiselas, critiquée pour son introduction de la couleur. 

« Comment montrer la violence, la sauvagerie, la mort ? Faut-il choisir la crudité, quitte à choquer, ou contourner la brutalité par une approche plus esthétique ? » Ces interrogations, comme le relève Sylvie Zaidman, sont au cœur du travail de ces photographes. Leurs réponses fluctuent car la perception même de la guerre ne cesse d’évoluer. Quand Gerda Taro, en 1937, montre une républicaine espagnole à l’entraînement et quand Lee Miller, en 1944, photographie le calme héroïque des chirurgiens d’un hôpital de campagne, la guerre a un sens. Trente ans plus tard, elle devient, du Vietnam à l’Irak, un objet de révolte, d’empathie pour toutes les victimes militaires et civiles. 

Alors vient la ­question : en quoi le regard d’une femme photographe est-il différent de celui de ses confrères ? Une attention à la souffrance, un refus du spectaculaire, une capacité à suggérer l’horreur, peut-être. Catherine Leroy suit au plus près un GI luttant à chaque pas contre l’enlisement, tandis que Christine Spengler tourne son objectif vers un petit Cambodgien qu’elle a photographié riant aux éclats et qui à présent pleure son père tué. Susan Meiselas, elle, capte au Sal­va­dor les traces de la ­ter­reur semée par les escadrons de la mort. Quant aux deux visages aux yeux clos poudrés de blanc et saisis en gros plan par Carolyn Cole, ils sont admirables, jusqu’à l’instant où l’on comprend que cette image est celle d’un charnier au Liberia.  

— C. Bn.

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Auteur d’une « Histoire de la Russie soviétique de 1917 à 1929 » en 14 volumes, le très britannique Edward H. Carr comparait l’historien à un pêcheur en eaux troubles : « Les faits sont comme des poissons nageant dans un océan aux profondeurs souvent inaccessibles ; ce que l’historien attrape dépend pour une part du hasard, mais surtout de la zone dans laquelle il choisit de pêcher et du matériel qu’il utilise – ces deux facteurs étant bien sûr dé­terminés par le type de poissons qu’il veut attraper. D’une manière générale, l’historien attrape le type de faits qu’il recherche. » 

Les historiens qui prétendent faire œuvre objective seront tentés de rejeter cette vision des choses ou d’en minimiser l’impact. D’autres, au contraire, affichent et revendiquent leur parti pris. Ainsi de Ian Morris, lui aussi britannique. L’auteur de Pourquoi l’Occident domine le monde… pour l’instant 1 prend l’exemple du Brexit pour montrer qu’à l’ère de la mondialisation la géographie continue de jouer un rôle fondamental dans le déroulement de l’Histoire. Il vient de publier un livre au titre un brin provocateur, « La géographie comme destin. La Grande-Bretagne et le monde : dix mille ans d’histoire » 2. Le Brexit, pense-t-il démontrer, est « simplement le dernier coup d’un jeu qui dure depuis huit mille ans ». Il y a déjà eu, d’après lui, une demi-douzaine de Brexit depuis que les îles Britanniques ont pour la première fois « rejoint l’Europe », lors du bien oublié concile de Whitby, en 664. Dans The Times, Simon Jenkins, auteur d’une « Brève histoire de l’Angleterre » 3, applaudit : « Le commerce n’est pas un pacifi­cateur tout-puissant. Les nations comptent. Voyez l’Afghanistan et l’Ukraine. » Mais, sur War on the Rocks, un site texan spécialisé dans les questions de sécurité, un jeune historien de Harvard, Andrew Ehrhardt, remet Ian Morris à sa place : ce dernier se rend coupable de « déterminisme géographique » et de surcroît « tombe dans le piège de l’histoire universelle ». Deux péchés d’un coup pour ce hardi pêcheur, coupable de lancer ses lignes un peu trop loin.

Qui veut noyer son chien l’accuse de la rage, et dans le monde des historiens il y a de quoi faire. Les déterminismes que l’on prend plaisir à dénoncer sont légion : ici géographiques, là économiques, technologiques, ins­titutionnels, religieux, inégalitaires, environnementaux, climatiques… Autres cas pendables : non seulement l’histoire « universelle », mais l’histoire « globale », la « big history » (dont Ian Morris se réclame également), l’histoire « scientifique », l’histoire « totale », l’histoire « immédiate »... Sans parler de l’histoire ouvertement idéologique, nationaliste, marxiste, décoloniale, révisionniste… et bien sûr de l’histoire populaire, destinée au plus grand nombre. 

Inversant la perspective, Ri­chard Cohen – encore un Anglais – s’emploie à illustrer une forme de déterminisme qui ­sous-tend tous ces partis pris, celle qu’expose la métaphore du pêcheur. Tout historien n’a-t-il pas son prisme déformant, lié à sa propre histoire, à ses racines, à sa personnalité, à ses convictions, à ses préjugés ? Ce qui « détermine » l’historien, écrit Morris, c’est bien « le type de poissons qu’il veut attraper ».

Cette évidence avait déjà été soulignée par Edward Gibbon, l’immortel auteur d’Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain : « Tout homme de génie qui écrit l’Histoire y diffuse, peut-être inconsciemment, le caractère de son propre esprit. » Éditeur, journaliste et essayiste, Cohen n’est pas un universitaire. Il rue dans les brancards sans complexe. Si tout regard d’historien est biaisé (pas forcément pour le pire), pourquoi réserver ce titre aux professionnels ? L’Histoire n’est-elle pas aussi forgée par les romanciers, dramaturges, journalistes, reporters, photographes, peintres, documentaristes, scénaristes et artistes de tout poil ? Et jusqu’aux faussaires, petits maîtres ou chefs d’État ? Laissons aux historiens le privilège de rechercher la rigueur, même illusoire ; et ouvrons largement la porte aux voix susceptibles de nous aider à « sentir », serait-ce à tort, ce qu’il en était de vivre alors.  

— O. P.-V.

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« Je ne connais qu’une preuve de l’existence de Dieu, mais elle est irréfutable : c’est l’existence du substantif allemand Sachlichkeit. Qui peut-il désigner d’autre ? » D. P.

Sachlichkeit est un nom allemand évoquant une faculté d’objectivité, de pragmatisme, de détachement émotionnel qui permet de se concentrer efficacement sur les problèmes à résoudre.

Aidez-nous à trouver le prochain mot manquant :

Existe-t-il dans une langue un mot désignant le bon moment de la journée pour lancer une malédiction ? 

Écrivez à

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À sa sortie, en 2009, le polar « Refroidissement » avait connu un succès de bon aloi, bien rangé parmi ses congénères à suspense qui font le bonheur des librairies. Son auteur, le traducteur et diplomate tchèque Michael Žantovský, dépeignait un monde dans lequel les relations entre la Russie et l’Otan se tendaient tellement que Moscou cessait de fournir du gaz et du pétrole à l’Europe tandis que ses chars écrasaient les démocrates biélorusses. « C’est un roman d’espionnage digne des meilleurs du genre, et pleinement d’actualité », jugeait alors le site Neviditelný pes. Treize ans plus tard, c’est encore le moins que l’on puisse dire : « Refroidissement » s’est mué en best-seller depuis l’invasion de l’Ukraine par les Russes. Même trajectoire pour d’autres livres du classement, exhumés eux aussi à la faveur de l’actualité : deux essais de Tony Judt parus en tchèque en 2019 et 2020, mais datant pour certains textes du début des années 1990. « Pour le dire vite, notait le quotidien Dnes en 2019, l’historien et écrivain britannique explique que l’optimisme et la foi dans la démocratie qui prévalaient à la fin de la guerre froide sont sans fondement. Près de dix ans après sa mort, on le sait, ou du moins on le soupçonne. » Et trois ans plus tard, il semble ne plus y avoir de doute pour les lecteurs qui plébiscitent ces théories pessimistes, comme le prouve le succès à retardement de l’essai du journaliste tchèque d’origine russe Alexandr Mitrofanov sous-titré « Pourquoi la Russie d’aujourd’hui est ce qu’elle est et pourquoi elle ne peut pas être autrement ». Une deuxième édition actualisée de ce livre sorti en 2021 vient de paraître.
Mais les librairies ne font pas que dans le recyclage. Et la guerre n’a pas eu raison de la mainmise des jeunes auteures tchèques sur les meilleures ventes. Pour représenter cette génération multi­primée, nous retrouvons Kateřina Tučková et Karin Lednická avec deux romans ancrés dans l’Histoire (le communisme pour l’une, la Seconde Guerre mondiale pour l’autre) et la campagne tchèque (la Moravie chez Tučková, la Silésie chez Lednická). Les femmes (deux livres d’Elena Ferrante figurent aussi dans le classement) laissent la quatrième place à un homme, Stanislav Biler, lauréat du Magnesia Litera 2021, avec, là encore, un roman sur la campagne tchèque. Il y raconte l’histoire d’un enseignant qui se retranche dans un village pour échapper à la complexité du monde. Un thème qui, en cette période d’incertitude, parle aux lecteurs tchèques. 

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Selon la légende, au VIe siècle, un garçonnet surnommé Kentigern surprit une bande de voyous en train de lancer des pierres sur des rouges-gorges. Quand un oiseau tomba au sol, il le recueillit et pria. Quelques instants plus tard, le rouge-gorge revint à la vie et s’envola. Cette parabole évoque l’un des quatre miracles attribués par les hagiographes à saint Kentigern, premier évêque de Glasgow, ­surnommé affectueusement par les Écossais « saint Mungo ». C’est ainsi que se prénomme le tendre et fragile héros du nouveau roman de Douglas Stuart, Young Mungo, paru en avril dernier.
Mungo Hamilton, 15 ans, le dernier né d’une fratrie de trois enfants, vit dans un quartier ­défavorisé de Glasgow. Sa famille est protestante, et son frère aîné, Hamish (« Ha-Ha »), est le chef d’une bande d’adolescents qui volent et intimident les catholiques du voisinage. Sa sœur Jodie, à peine plus âgée que Mungo, entretient une relation toxique avec un professeur de l’école. Ha-Ha et Jodie s’acquittent tant bien que mal du rôle de parents de substitution de leur jeune frère : leur père est mort depuis longtemps ; leur mère, « Mo-Maw », est alcoolique et s’absente parfois pendant des semaines.
Le roman se situe au début des années 1990, dans cette métropole écossaise dévastée par la politique de Margaret Thatcher. « C’est un endroit sans espoir, fait d’industries démantelées, de toxicomanie et de misère qui se transmet de génération en génération », note The Washington Post.
Designer de mode à New York, Douglas Stuart, qui a grandi dans les banlieues pauvres de Glasgow, s’inspire pour ce roman de son enfance. C’est d’ailleurs à Glasgow, une décennie plus tôt, que l’auteur campait son premier roman, Shuggie Bain¹, lauréat du Booker Prize en 2020.
Dans cet environnement rude et hostile, Mungo va vivre son éveil sexuel. Les chapitres les plus émouvants racontent la romance naissante de l’adolescent avec James, un jeune catholique qui élève des pigeons voyageurs. Leur relation sera hélas contrariée par des forces plus véhémentes « que l’animosité opposant les Montaigu aux Capulet », souligne The New York Times : « d’une part, la haine entre protestants et catholiques, de l’autre, l’homophobie de leurs pères et de leurs frères ».
L’intrigue se développe en suivant deux lignes parallèles : « Avant janvier » et « Après mai ». L’avant, c’est l’éclosion de la relation entre Mungo et James. L’après, une partie de pêche au bord d’un loch à laquelle participent Mungo et deux étranges individus, dont Mo-Maw a fait la connaissance lors d’une réunion des Alcooliques anonymes et qui se révéleront être d’anciens détenus. « Le résultat est un roman qui progresse vers deux crises simultanément : ce qui s’est passé avec James à Glasgow et ce qui pourrait arriver à Mungo dans la nature écossaise », détaille The Washington Post. Le romancier « rapproche ces deux lignes temporelles telles les lames d’une paire de ciseaux » et crée ainsi une tension qui imprègne le texte de la première à la dernière page.
De l’avis des commentateurs, Douglas Stuart passe avec Young Mungo du statut de romancier prometteur à celui d’écrivain accompli. Le roman s’est rapidement retrouvé en tête de la liste des best-sellers publiée par The Sunday Times, côté britannique, et dans celle du Los Angeles Times, côté américain. « Peu de romanciers ont connu une ascension aussi rapide, mais la fulgurance du succès de Stuart cache des années de lutte », rappelle The Washington Post. De fait, le manuscrit de Shuggie Bain avait été rejeté par des dizaines d’éditeurs avant d’être reconnu à sa juste valeur.
« Stuart écrit magnifiquement et témoigne d’un formidable sens de la poésie dans l’évocation du trivial et de l’ordinaire », convient The New York Times. « Ce roman vous cisaille avant de vous recoudre. Puis, quelques pages plus loin, une nouvelle entaille », note pour sa part The Los Angeles Times. Stuart, estime le quotidien californien, n’est jamais mièvre ni misérabiliste. Toutefois, s’étonne The Critic, « le livre semble étrangement timide sur la question du sexe. Pourquoi ne pas appeler une queue une queue ? Surtout quand on voit à quel point certaines scènes de violence peuvent être explicites ». Le magazine britannique estime toutefois qu’il serait injuste « d’ergoter sur des détails aussi minimes » : « Il s’agit bien d’une grande fiction digne de Dickens ; les personnages ont de l’épaisseur, et l’émotion affleure en permanence. » 

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Qu’est-ce qui pousse une psychiatre en vue, experte judiciaire dans plusieurs faits divers retentissants, à écrire sur la bêtise ? Heidi Kastner s’est fait connaître en 2008 en Autriche à l’occasion de l’affaire Josef Fritzl, cet homme qui avait séquestré sa fille pendant vingt-quatre ans et lui avait fait plusieurs enfants. Son domaine, n’est-ce pas plutôt le mal ? En bonne platonicienne, elle estime que les deux phénomènes sont souvent liés : on commet souvent l’irréparable par simple bêtise, et celle-ci, à l’en croire, serait responsable de bien plus de dégâts dans l’histoire humaine que toutes les armes et tous les virus réunis. « La stupidité, ce n’est pas d’être incapable de calculer cinq fois douze, mais d’entreprendre une action dommageable pour tout le monde, explique-t-elle à Die Zeit. En règle générale, les actions stupides ne sont pas orientées vers l’avenir – ou, si elles le sont, elles ne le sont qu’à très court terme. » Dans son livre, sorti fin 2021 et qui, en avril, en était déjà à son huitième tirage, Kastner constate que si la bêtise n’a sans doute pas augmenté ces dernières années, les réseaux sociaux lui ont offert une chambre d’écho inédite : auparavant, la stupidité restait cantonnée à un cercle restreint. « Aujourd’hui il est possible, quelle que soit sa position, de trouver des personnes partageant les mêmes idées et de se sentir fort au sein du groupe. »  

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