La jeune génération a baissé les bras

Deux auteurs en vue croisent le fer pour dénoncer, chacun à sa manière, la frilosité de la pensée contemporaine. Pour Thea Dorn, les intellectuels n’osent plus affirmer avec passion leur vision du monde. Convaincus que tout est relatif, ils ont abandonné le terrain aux bonimenteurs, dont l’Internet et les médias raffolent tant.

Cela fait des années que les prophètes de l’Apocalypse démographique annoncent que l’Allemagne va vieillir, s’appauvrir et finalement disparaître. Et que les écolo-prophètes sonnent le glas du Schleswig-Holstein [région frontalière du Danemark], appelé à se transformer en steppe aride ou, variante, à s’enfoncer sous la mer du Nord. Mais pendant que nous nous ébahissions devant notre pyramide des âges cul par-dessus tête ou les simulations montrant des troupeaux de gnous en cavale dans les rues de Kiel, un vieillissement et une désertification d’un autre type sont devenus réalité : il n’y a plus, dans ce pays, de penseur digne de ce nom de moins 60 ans. Et s’il n’y avait [le philosophe] Peter Sloterdijk, [le dramaturge] Botho Strauss, si [les écrivains autrichiens] Elfriede Jelinek ou Peter Handke n’étaient d’une certaine façon considérés comme allemands, on n’en trouverait guère de moins de 70 ans. Cette évolution réjouira ceux qui ont toujours considéré les intellectuels comme racaille vaniteuse. Elle devrait inquiéter ceux qui les tiennent à la fois pour le cerveau et l’épine dorsale de toute démocratie. Voici ...

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