La statue de Mao a bougé

Le mot « paradoxe » a trois sens possibles : opinion allant à l’encontre de l’opinion commune ; fait heurtant le sens commun ; proposition à la fois vraie et fausse. Bref, un  mot idéal pour approcher le puzzle de la Chine actuelle. Tant les idées habituellement émises sur ce pays se voient bousculées par d’autres, pas forcément moins justes ; tant les faits s’obstinent à heurter le sens commun ; tant il est possible, sans risque de se tromper, d’affirmer à la fois blanc et noir. Touché par la crise mondiale, le moteur économique a repris au rythme de 8 %, au point que les dirigeants font valoir la « supériorité » de leur modèle. Étrange modèle, où l’apparence d’un capitalisme débridé masque une tendance au renforcement du contrôle de l’État sur les grandes entreprises. État sans légitimité, à l’autorité profondément affaiblie par la corruption et le creusement des inégalités, mais qui construit une centrale à charbon « propre » par mois et lance un plan de 125 milliards de dollars pour assurer une couverture sociale à 90 % de la population d’ici deux ans. Le monde rural pauvre forme encore la moitié du pays, mais des universités compétitives vont déverser cette année six millions de diplômés sur le marché du travail. L’idéal communiste est mort, le confucianisme renaît, le Parti communiste dirige. Les militants de la démocratie sont harcelés, voire arrêtés, mais jeunes et moins jeunes s’expriment avec insolence sur leurs blogs, et l’on voit des chercheurs de haut niveau revenir des États-Unis avec leur famille. Mao en statue de la Liberté ? La Chine n’est pas à un paradoxe près.

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