La vie aux dix-sept millions de mots

Vivant cloîtré en raison de ses infirmités innombrables, un riche bourgeois de Boston, par ailleurs très ordinaire, a écrit jour après jour le roman de sa non-vie, à l’écoute du monde et des personnes, hommes et femmes, souvent jeunes, qu’il faisait venir pour s’occuper de lui et satisfaire ses désirs. Un extraordinaire témoignage sur l’Amérique des années 1940-1960 et la nature humaine.

Le 5 décembre 1963, le jour où Jack Ruby abattit Lee Harvey Oswald à Dallas, un certain Arthur Inman, habitant Boston, réussit, après plusieurs tentatives de suicide, à se mettre une balle dans la tête. Toutes sortes de maladies et douleurs chroniques l’avaient réduit à l’état d’invalide pendant l’essentiel de ses soixante-huit ans d’existence et, en dehors de quelques brèves excursions dans une Cadillac conduite par son chauffeur, il vivait depuis 1919 enfermé dans Garrison Hall, un immeuble du centre-ville. Un jour ordinaire, il pouvait passer jusqu’à seize heures alité, quand il n’était pas assis dans sa salle de bains, à lire. Les pièces où il vivait étaient maintenues dans l’obscurité pour la même raison que sa voiture était peinte en noir mat : pour protéger ses yeux. Il souffrait régulièrement de saignements de nez, de rhume des foins, d’arthrite, de grippe, d’affaissement de la cage thoracique, de migraines, de douleurs dans les testicules, dans le cou, la clavicule et l’épaule, de refroidissements, d’aphtes, d’éruptions cutanées, de maux d’estomac (qui exigeaient de fréquents lavements), de maux de gorge (qui nécessitaient un ...
LE LIVRE
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Le journal d’Inman de La vie aux dix-sept millions de mots, Harvard University Press

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BOOKS n°123

DOSSIER

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