Publié dans le magazine Books n° 4, avril 2009. Par José Luis Rénique.
Dans les années 1980, le Pérou a connu l’une des guerres civiles les plus sanglantes de l’histoire d’Amérique latine : au total, les combats entre les maoïstes du Sentier lumineux et l’armée ont fait 69?000 morts. Le jeune écrivain Santiago Roncagliolo a voulu raconter au plus grand nombre cette tragédie oubliée. Il a rencontré les militants incarcérés et mis la littérature au service du récit historique. Son « roman non fictionnel » sur Abimael Guzmán, le leader de la guérilla, est aujourd’hui un bestseller. Mais cette manière de personnaliser l’histoire, d’utiliser des références pop pour décrire l’horreur, fait débat : beaucoup lui reprochent ses erreurs et une légèreté de ton qui banalise le drame. L’historien José Luis Rénique, lui, salue une démarche qui permet aux nouvelles générations de renouer avec leur propre histoire.
Les deux derniers livres de Santiago Roncagliolo,
Avril rouge et
La cuarta espada (« La quatrième épée »), portent sur la guérilla du Sentier lumineux, ce parti maoïste péruvien qui fut à l’origine d’« une des guerres civiles les plus sanglantes de l’histoire contemporaine de l’Amérique latine », selon les mots du spécialiste britannique Lewis Taylor (1). À la fin des années 1990, son travail dans une organisation de défense des droits de l’homme a mis l’écrivain en contact avec des proches de disparus, des victimes d’actes de torture, et même un sendériste qui « avait assassiné de sang-froid des dizaines de personnes (2) ». Roncagliolo passera plusieurs années à chercher les moyens d’écrire sur l’horreur : un immense défi, dit-il, « précisément parce que l’horreur commence là où s’arrêtent les mots ».
La solution viendra du film
From Hell, réalisé en 2002 par Albert et Allen Hughes, où l’épopée de Jack l’Éventreur est prétexte à une description de la société anglaise de la fin du XIXe siècle. À la lumière de ce récit, Ayacucho – berceau ...