Publié dans le magazine Books n° 62, février 2015. Par Minh Tran Huy.
Pour Siri Hustvedt, écrire est toujours une manière d’explorer sa géographie intérieure. Quitte à y trouver des choses que l’on ne soupçonnait pas. Prêt à changer sans cesse de perspective et de point de vue, l’écrivain est à la fois soi et un autre, voire plusieurs autres. En ce sens, le travail littéraire invite en permanence au dialogue avec la psychanalyse, la psychiatrie et les neurosciences.
Romancière et essayiste, Siri Hustvedt est née en 1955 dans le Minnesota, au sein d’une famille d’origine norvégienne. Mariée à l’écrivain Paul Auster, elle vit à Brooklyn. Passionnée par les travaux sur le cerveau et les maladies mentales, elle cherche à réconcilier la littérature et la philosophie, l’art et les sciences, de la psychanalyse à la génétique en passant par la psychiatrie. Une diversité de centres d’intérêt dont témoigne Un monde flamboyant, considéré comme son œuvre majeure.
Vous avez qualifié votre dernier livre, Un monde flamboyant, de « roman de la personnalité multiple ». En quel sens ?
Je pensais autant à la structure du livre qu’à son contenu.
Un monde flamboyant est un livre à plusieurs voix : celle des carnets tenus par l’héroïne, Harriett « Harry » Burden ; celle de sa fille ; celle d’une amie intime ; celles de proches et de moins proches, voire d’ennemis. Il me fallait habiter toutes ces voix, et si de nombreux auteurs sont familiers des techniques chorales, ce n’était pas mon cas. D’habitude j’ai toujours un narrateur ...