« L’art est ce qu’on veut qu’il soit »

Dans un livre fascinant, la psychologue américaine Ellen Winner explore notre relation à l’art. Qu’est-ce qui détermine le jugement que l’on porte sur une œuvre ? L’expertise, la familiarité, le contexte ? Des inclinations subjectives ou des critères universels ? Nous l’avons interrogée sur les mystères de nos goûts esthétiques, bons ou mauvais, et sur l’intérêt (ou non) d’un enseignement artistique à l’école.


Gardens Beyond Spring Gate, de Thomas Kinkade (1958-2012). Cet artiste est apprécié de millions d’Américains mais jugé complètement insipide par les critiques d’art. © Thomas Kinkade

Une question très simple pour commencer : comment définiriez-vous l’art ?

Il est impossible de définir l’art au sens strict du mot « définir ». Bien sûr, les gens s’imaginent pouvoir le faire – ils diront, par exemple, que l’art est quelque chose de beau, d’expressif et qui demande de l’habileté. Et cette description s’applique à de nombreuses œuvres d’art. Mais elle ne constitue pas une véritable définition, car une définition doit énumérer les caractéristiques que l’art possède toujours et que rien d’autre ne possède. De nombreuses œuvres d’art sont belles, mais certaines sont délibérément laides ; et la beauté existe en dehors de l’art – dans la nature, dans un visage, etc. Un cri ou un soupir peuvent être expressifs ; et on ne saurait qualifier d’expressif, dans l’acception traditionnelle du mot, toutes les œuvres d’art – pensez à une toile blanche minimaliste. Enfin, nous disons que les peintures d’enfant sont de l’art, même ...

LE LIVRE
LE LIVRE

L’Art en questions. Une approche psychologique de Ellen Winner, Éditions Markus Haller, 2022

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