N’est pas Blanc qui veut
Publié le 30 septembre 2015. Par La rédaction de Books.
G. Bruno. Le tour de la France par deux enfants
Après ses propos sur la France, pays de « race blanche », Nadine Morano n’est plus soutenue par sa famille politique. Outre le fait que la notion de race n’a rien de scientifique, « les Blancs » ne sont pas une population mais une construction culturelle. Dans L’histoire des blancs, l’historienne afro-américaine Nell Painter a entrepris de raconter l’histoire de « la blancheur aux Etats-Unis ». Car le blanc n’est pas la couleur par défaut des personnes ni Noires, ni asiatiques, ni latinos, ni arabes…
Si, au XVIIe siècle, les pères fondateurs s’inspirent de la toute nouvelle « science » raciale européenne pour simplement distinguer la « race américaine » des esclaves, la définition des Blancs ne va ensuite cesser de s’élargir. Chaque nouvelle vague d’immigration défie les contours de ce groupe. Au milieu du XIXe siècle, être Américain, c’est d’abord être Anglo-saxon. Les millions d’Irlandais et d’Allemands qui débarquent dans le nouveau monde à cette époque ne deviendront des « Américains acceptables » qu’après plusieurs décennies, quand l’arrivée des Italiens et des immigrés d’Europe centrale incite à les intégrer au premier cercle de la « blancheur ». Un demi-siècle plus tard, les derniers venus sont « blanchis » à leur tour.
Nell Painter souligne d’ailleurs que ces classifications ne sont pas toujours allées au même rythme d’un bout à l’autre des Etats-Unis. Au début du XXe siècle, les Juifs et les Italiens étaient considérés comme non Blancs sur la côte Est, mais Blancs sur la côte Ouest, où les Chinois faisaient figure de « race inférieure »…