Tout faux
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Ni pain, ni brioche


MGM

Marie-Antoinette n’a jamais dit : « Ils n’ont pas de pain ? Qu’ils mangent de la brioche ! ». A la veille de la Révolution, la reine concentrait les critiques pour son extravagance, sa vie privée et sa prodigalité. La première attestation écrite attribuant la formule à Marie-Antoinette n’apparaît pourtant qu’un demi-siècle après sa mort dans la revue satirique Les guêpes d’Alphonse Karr. L’écrivain la présente comme un bruit lancé contre la reine par ses ennemis.

Véronique Campion Vincent et Christine Shojaei Kawan assurent dans un article publié dans les Annales historiques de la Révolution française en 2002 qu’à l’exception de rares sources du début du XXe siècle, aucune n’atteste l’attribution de ce dire à Marie-Antoinette. Les chercheuses ont passé en revue les biographies de la reine, les travaux d’historiens, les manuels scolaires du XIXe siècle ainsi que les sources contemporaines de la Révolution (presse, caricatures, libelles et pamphlets). Pas un mot.

Le récit est par contre fréquemment évoqué de par le monde et à différentes époques. La reine française est remplacée par un prince indien ou un aristocrate allemand du XVIe siècle, et la brioche par du gâteau, de la tarte mais aussi, changeant le sens de la formule, par du foin ou de la merde.

En France, Rousseau a contribué à populariser l’anecdote, qu’il attribue dans ses Confessions à une « grande princesse ». Même Louis-Stanislas-Xavier de France, futur Louis XVIII, emploie une formule voisine. Dans Relation d’un voyage de Bruxelles à Coblentz, le récit de sa fuite, il raconte que son ancêtre Marie-Thérèse s’étonnait que les pauvres mourant de faim ne mangent pas la croûte de pâté.

LE LIVRE
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Les guêpes de Alphonse Karr, Michel Lévy, 1869

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