Petit éloge de la « moi génération »

La question taraude les psychologues : les enfants des années 1980, élevés dans le culte de l’estime de soi par des parents libertaires, sont-ils devenus d’affreux narcisses ? Oui, répond Jean Twenge, qui souligne leur infini égotisme. Non, rétorquent d’autres universitaires, qui nient cette prétendue différence avec la génération précédente. Mais est-ce bien la question ? La jeune essayiste Courtney Martin renvoie tout ce beau monde dos à dos pour se livrer à un plaidoyer raisonné en faveur de sa génération : ce n’est pas parce que les nouvelles technologies favorisent l’exposition de soi que les jeunes d’aujourd’hui sont superficiels et nombrilistes. Ils sont simplement plus désemparés que ne l’étaient leurs aînés face à un monde devenu insaisissable. Facebook, ça fait du bien quand le reste fait mal…

Une étude parue en février 2008 dans le journal Psychological Science entend démythifier l’idée selon laquelle notre génération – les natifs des années 1980 – serait narcissique. Menée par Kali H. Trzesniewski, maître-assistant de psychologie de l’université d’Ontario occidental, et des collègues de l’université de Californie et de l’université d’État du Michigan, l’enquête démontre que les jeunes n’ont pas changé fondamentalement de pensées, de sentiments ou de comportement au cours des trente dernières années.
Cette recherche a été menée, en partie, par réaction au travail de la psychologue Jean M. Twenge, auteur de Generation Me. Elle y soutient que l’essor de l’éducation à l’estime de soi des années 1980 et 1990 a donné naissance à des jeunes qui « ont le langage du moi pour langue maternelle (1) ». Et Twenge travaille déjà à un autre livre, au titre encore plus accablant : The Narcissism Epidemic, « L’épidémie de narcissisme » (lire ci-dessous) (2).
Trzesniewski et ses collègues ont mené leur recherche (sur un échantillon bien plus large que celui de Twenge) en Californie,...
LE LIVRE
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Moi Génération. Pourquoi les jeunes américains d’aujourd’hui sont plus sûrs d’eux, affirmés, persuadés de leurs bons droits – et plus tristes qu’ils ne l’ont jamais été de Petit éloge de la « moi génération », Free Press

ARTICLE ISSU DU N°7

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