Les galions qui changèrent le monde

Chaque année, pendant deux siècles et demi, un galion relia Manille et l’Empire espagnol. Ces échanges de soieries contre de l’argent permirent à la Chine de devenir l’atelier du monde. Cela ne vous rappelle rien ?


©Hulton Archives/Getty

Combat naval dans le port de Manille, en 1737. Important carrefour commercial, la capitale des Philippines fut souvent le théâtre de heurts entre grandes puissances européennes.

L’épopée des galions qui commerçaient entre la Chine et l’Amérique hispanique via Manille a été passablement oubliée, comme si un chapitre avait été arraché à nos livres d’histoire. Cette omission est d’autant plus étonnante que ces vaisseaux, les trésors qu’ils transportaient et la scène qu’ils occupaient ont une signification énorme pour le monde d’aujourd’hui. Car la mondialisation a, d’une certaine manière, commencé là, en 1565, quand le navigateur espagnol Andrés de Urdaneta découvrit à travers le Pacifique un itinéraire sûr vers l’Occident, qui permettait de relier l’Asie à la côte ouest de l’Amérique. Les quatre principaux continents étaient enfin connectés, avec l’ouverture de routes maritimes qui allaient donner naissance au commerce mondial. Manille fut fondée peu après, en 1571, et la ville servira jusqu’en 1815 de plateforme de transbordement pour les échanges transocéaniques avec Acalpulco, en « Nouvelle-Espagne », ceux-là mêmes qui placeront la Chine au cœur de la première mondialisation. Les raisons de cette amnésie sont complexes. Cela tient en partie à un eurocentrisme qui ne peut concevoir la Chine que dans un ...
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The Age of Trade: The Manila Galleons and the Dawn of the Global Economy de Arturo Giraldez, Rowman & Littlefield, 2015

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