Publié dans le magazine Books n° 107, mai 2020. Par Adam Hochschild.
Le Musée royal de l’Afrique centrale, près de Bruxelles, a longtemps été la vitrine de l’entreprise coloniale belge au Congo. En 2018, après dix ans de tergiversations et cinq ans de travaux de rénovation, l’institution a réorganisé ses collections et fait évoluer son discours. Avec des résultats mitigés.
L’une des plus belles balades urbaines d’Europe commence à la station de tram Montgomery, à Bruxelles. On emprunte une grande avenue bordée d’arbres et d’élégantes demeures vieilles d’un siècle ou plus, dont beaucoup abritent désormais des ambassades. Puis l’on quitte cette artère fréquentée pour traverser une forêt de hêtres et de chênes, qui était autrefois le terrain de chasse des ducs de Brabant. Par une belle journée de printemps, la lumière scintille à travers le feuillage et offre une harmonieuse palette de tons verts. Les rails s’arrêtent à proximité d’un somptueux édifice en pierre, dont l’existence même témoigne de tensions non résolues.
Bienvenue au Musée royal de l’Afrique centrale
1, l’un des principaux musées du monde consacrés exclusivement à l’Afrique – et situé à des milliers de kilomètres de là. Avec ses hautes fenêtres, sa façade à colonnade, son toit ceinturé d’une balustrade et sa rotonde qui culmine à une trentaine de mètres, le...