À l’article de la mort

Marie Colvin faisait partie de ces grandes figures du journalisme prêtes à tout pour raconter la guerre et rendre compte de la souffrance des populations civiles plongées dans le chaos. Reporter au Sunday Times britannique, elle était célèbre pour son courage, son humour et son caractère – trop ? – fonceur. Toujours soucieuse d’être « au plus près », elle a laissé un œil au Sri Lanka et sa vie en Syrie. 


Marie Colvin, ici à Bagdad en 2008, a couvert la guerre d’Irak pour The Sunday Times. Pro-invasion, elle « créchait » au QG du dissident irakien à l’origine des fausses informations sur les armes de destruction massive. © Seamus Murphy / PANOS-RÉA

En 2003, des ex-reporters de guerre de la défunte Frontline Television News 1 ont créé à Londres le Frontline Club afin de pouvoir y « manger, boire et penser », selon les mots de l’un d’eux. Ses membres étaient pour la plupart de vieux baroudeurs chargés de souvenirs glanés sur tous les champs de bataille de la planète. Dans un cadre accroché au mur, on pouvait voir le portrait de huit d’entre eux tués alors qu’ils étaient en reportage pour Frontline ; au-dessus avaient été ajoutées les photos de deux autres journalistes tués depuis la création du club, dont celle de Marie Colvin, avec son emblématique bandeau sur l’œil. Je jette toujours un regard à son œil valide quand je me dirige vers la table autour de laquelle Marie et moi avons eu notre ultime conversation, début 2012. Elle m’avait fait signe de la rejoindre alors qu’elle buvait un verre de vin. Certes, nous travaillions l’un et l’autre pour des journaux concurrents – elle pour The Sunday Times, moi pour The Observer (cousin dominical ...

LE LIVRE
LE LIVRE

In Extremis: The Life and Death of the War Correspondent Marie Colvin de Lindsey Hilsum, Vintage, 2019

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