Au Pérou, avec les pirates du livre

L’édition clandestine triomphe à Lima. Le prix exorbitant des ouvrages traditionnels et l’appétit de lecture des Péruviens ont fait de ce marché parallèle un poids lourd de l’économie. Du vol ? Certes, mais aussi un signe de popularité. Pour être honnête, tout bon auteur rêve d’être piraté, confie l’écrivain Daniel Alarcón.

Au Pérou, les nouveaux livres – je parle des nouveaux livres édités légalement – se vendent avec l’autocollant « ACHETEZ L’ORIGINAL » : une petite astuce imaginée par l’industrie éditoriale pour faire face à la menace des pirates. Mais à vrai dire, au Pérou, être copié, c’est en quelque sorte figurer sur la liste des bestsellers. Je connais un écrivain qui, à la fin de toutes ses conférences, invite le public à acheter son ouvrage « avant qu’il ne soit contrefait ». Quand je lui en ai demandé la raison, il m’a avoué qu’on ne l’avait en réalité jamais piraté, mais qu’il avait bon espoir. Un jour, le romancier reconnu Alonso Cueto m’a raconté que le revendeur clandestin de son quartier lui fournissait, sans qu’il le lui demande, l’état de ses ventes. Au début, il s’en indignait ; depuis, il a appris à le tolérer. Ce qui est moins tolérable, c’est que le même vendeur se sente autorisé à prodiguer à l’écrivain des conseils sur les sujets potentiellement plus vendeurs. Quoique le piratage existe dans toute l’Amérique latine – comme dans tous les pays en voie...
LE LIVRE
LE LIVRE

Le roi est toujours au-dessus du peuple de Au Pérou, avec les pirates du livre, Sexto Piso, non traduit

ARTICLE ISSU DU N°16

SUR LE MÊME THÈME

Société QAnon destructeur de familles
Société Chasse aux sorcières théologico-universitaire
Société Souriez, vous êtes fliqués !

Dans le magazine
BOOKS n°123

DOSSIER

Faut-il restituer l'art africain ?

Chemin de traverse

13 faits & idées à glaner dans ce numéro

Edito

Une idée iconoclaste

par Olivier Postel-Vinay

Bestsellers

L’homme qui faisait chanter les cellules

par Ekaterina Dvinina

Voir le sommaire