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La liste des best-sellers de l’hebdomadaire Der ­Spiegel est un fidèle reflet du succès des livres en Allemagne. Y figurer est une gloire, y occuper la première place un triomphe. Pourtant, en cette rentrée, le palmarès se teinte de nuances crépusculaires. La mélancolie et la noirceur y affleurent, mais aussi l’humour, qui répond à un besoin de consolation, à une nécessité d’apprivoiser une situation angoissante. Les neuf nouvelles qui composent le recueil Abschiedsfarben, de Bernhard Schlink, sont autant de variations sur le thème de l’adieu, adieu à des êtres chers, à des étapes de la vie, à des espoirs et à des craintes.

Et, bien sûr, en cette période de crise sanitaire, le Covid-19 contamine les imaginaires. Dans le nouveau volet de sa série humoristique publiée sous le nom de Renate Bergmann, le personnage de mamie internaute qu’il a créé sur Twitter, Torsten ­Rohde met en scène la vieille dame confinée chez elle pour cause de pandémie. Ce best-seller guilleret s’efforce d’insuffler de la légè­reté dans un contexte anxiogène. Après tout, elle en a vu d’autres, cette « femme des décombres » qui, après guerre, avait déblayé les gravats à Berlin.

Dans Rotkäppchen raucht auf dem Balkon, l’écrivain d’origine russe Vladimir Kaminer, longtemps une des icônes de la scène alternative berlinoise, évoque avec ­humour une jeunesse qui reste cloîtrée chez elle, mais pour d’autres raisons : pour « se chercher, entre le frigo et l’ordi ». Les échos extérieurs seraient-ils trop effrayants ? C’est ce que suggèrent les quatre récits qui composent le nouveau recueil de Stephen King : le roi de l’horreur y raconte, entre autres, une tuerie à l’explosif dans une école de Pittsburgh.

Face au cauchemar, peut-on résister ? Le thème fait toujours écho outre-Rhin. Dans Je reste ici, le romancier italien Marco ­Balzano relate le combat de Trina, une institutrice d’un village du Haut-Adige confrontée à l’italianisation forcée de sa région, rattachée à l’Italie après la Première Guerre mondiale. Comme l’indique le titre, l’héroïne refuse de fuir mais enseigne clandestinement l’allemand aux enfants du bourg.
Au miroir des livres, l’Allemagne semble donc hésiter entre adieux résignés et obstination. La claustration menace ; la mort flotte. Dans Der letzte Satz, en tête des ventes, l’Autrichien Robert ­Seethaler raconte bien un voyage, mais il s’agit de la dernière traversée de Mahler en bateau.

Olivier Mannoni est traducteur d’allemand et directeur de l’École de traduction littéraire. Il est l’auteur de Günter Grass. L’honneur d’un homme (Bayard, 2000).

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En Italie, Maria ­Montessori est la seule femme qui ait eu l’honneur de figurer sur un billet de banque : en 1990, son effigie a remplacé celle de Giuseppe Verdi sur les petites coupures de 1 000 lires en circulation jusqu’à l’introduction de l’euro. C’est dire la place familière qu’occupe dans la mémoire collective cette vieille dame aux allures d’institutrice bienveillante, icône d’une révolution universelle de la pédagogie. Pourtant, observe l’historienne Giulia Galeotti dans le quotidien du Vatican L’Osservatore romano, la plupart des Italiens ignorent le véritable sens de l’adjectif « montessorien » : « Quand il ne sert pas de slogan marketing pour vendre des produits ou des services à l’enfance, il est synonyme d’anarchie. »

C’est que, en Italie, peu de livres avaient jusqu’à présent fait sortir Maria Montessori d’un strict cercle d’initiés ou d’universitaires. Publiée à l’occasion des 150 ans de la naissance de l’éminente pédagogue (1870-1952), la biographie que signe la journaliste Cristina De Stefano offre au grand public l’occasion de découvrir à la fois son travail scientifique et sa vie privée. Car « derrière le nom de Maria Montessori se cache une pensée révolutionnaire souvent mal comprise, une vie absolument romanesque, une personnalité contradictoire et tenace croyant dur comme fer à la justesse de ses idées », écrit la romancière Sandra Petrignani dans le quotidien Il Foglio.

S’attaquer à un tel monument relevait de la gageure, mais l’auteure s’est fait une spécialité de brosser le portrait de femmes exceptionnelles : on lui doit des biographies remarquées de l’écrivaine Cristina Campo et de la journaliste Oriana Fallaci. Dans le quotidien La ­Repubblica, la romancière Viola Ardone salue l’« impressionnant travail de documentation » et l’« habileté » d’une narration « qui nous fait traverser l’Italie du siècle dernier ».

On suit dans Il bambino è il maestro l’étudiante déterminée à devenir médecin alors que les femmes sont quasiment absentes de l’université, la militante féministe contrainte d’abandonner un fils né hors mariage pour pouvoir poursuivre sa carrière, la sympathisante socialiste s’engageant auprès des plus démunis et élaborant une pédagogie qui place l’enfant et ses rythmes d’apprentissage au centre du processus éducatif. Un véritable bouleversement dans l’Italie du début du xxe siècle, où les enfants en difficulté sociale ou cognitive étaient parqués et condamnés au désœuvrement.

En cette période commémorative, c’est presque le portrait d’une sainte laïque qu’esquisse la presse italienne. À quelques sérieuses nuances près. Pour mettre en œuvre son grand ­projet, Maria Montessori dut composer avec les autorités et donc avec Musso­lini, rappelle l’historien Raffaele ­Liucci dans le quotidien Il Sole 24 Ore. Cristina De Stefano n’élude pas ce chapitre peu glorieux. Si l’Œuvre nationale Montessori naquit sous l’égide du Duce, initialement bien disposé à l’égard de la pédagogue, « la résistance des fonctionnaires, les luttes intestines et l’absence de moyens ne firent jamais décol­ler la collaboration entre Maria et le régime, qui se solda au milieu des années 1930 par un échec retentissant », écrit Liucci. Mais, précise-t-il, Montessori « ne fut jamais une antifasciste déclarée. Elle était devenue « un personnage “transversal”, apolitique, pour qui seule sa méthode comptait ».
Célibataire dénuée de toute autre ressource, Maria Montessori transforma son projet pédagogique en source de profit. « Après la phase pionnière, poursuit Liucci, elle devint l’administratrice attentive, parfois dénuée de scrupules, d’une marque à succès, se transformant en une sorte de mère abbesse à la tête d’un groupe de disciples totalement dévoués à sa cause. Centralisatrice, elle voulut toujours contrôler personnellement l’application de ses enseignements, ce qui en ralentit inévitablement la diffusion. »
Cela explique peut-être pourquoi la méthode Montessori, acclamée à l’étranger, est si peu présente dans le système scolaire italien, où elle souffre d’une réputation d’élitisme.

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Sait-on que Donald Trump a menacé de prison, par lettre, ceux qui s’aviseraient d’aller enquêter sur son QI ? Dans un de ses premiers numéros, Books avait posé en couverture la question : « Inter­net rend-il encore plus bête ? » Ce n’était traiter qu’un pan d’une question beaucoup large, celle de savoir si, par hasard, la bêtise ne serait pas en progrès.
L’un des signes les plus troublants reste l’élection de Trump à la présidence de la première puissance mondiale, en 2016. Pendant la campagne, le vice-président Joe Biden avait émis en public l’hypothèse que Trump était « stupide », mais force est de reconnaître que sa « stupi­dité » a rencontré celle d’une bonne moitié des électeurs. Ce en quoi il a manifesté une vive intelligence.

Le problème ici souligné est que le concept d’intelligence recouvre des facultés très diverses, susceptibles de se manifester de manière plus ou moins autonome. Il en va de même de la bêtise, laquelle en bon français, nous dit Littré, doit être distinguée de la sottise, caractérisée par « l’absence de jugement, absence qui ne permet pas au sot de se méfier jamais de ses idées ». Mais le fait de ne pas se méfier de ses idées, qui peut en effet être considéré comme la forme la plus courante de la sottise, n’interdit pas toute faculté de jugement ; la sottise aussi se décline par compartiments. Et la relation entre bêtise et sottise, si par bêtise on entend un faible QI, n’a rien d’évident. Dans un étonnant mémoire sur « l’intelligence des imbéciles », Alfred Binet, le père des tests de QI, remarque : « L’infériorité intellectuelle et ce que nous appelons “l’esprit faux” sont deux états mentaux assez différents : le premier peut se présenter indépendamment du second. » Et réciproquement : un QI même très élevé ne garantit en rien la faculté de bien juger.

D’après de savantes études, on assiste aujour­d’hui à une tendance à la baisse du QI. Là où elle est dûment constatée, la baisse s’est amorcée chez les jeunes nés après 1975. Cela rejoint une autre tendance, celle de la baisse des résultats aux tests Pisa : en 2018, plus de 10 millions d’élèves de 15 ans vivant dans 79 pays à ­revenu élevé ou intermédiaire étaient incapables ­d’accomplir « ne serait-ce que les plus simples des tâches de lecture ».
Si le phénomène est avéré, il reste à en analyser les causes. À coup sûr, la banalisation de l’accès aux réseaux sociaux par les téléphones portables n’arrange rien. Le temps d’attention des « milléniaux » est de neuf secondes, constate Bruno Patino : une seconde de plus que celle du poisson dans son bocal1. Les industriels du captage de l’attention en font leurs choux gras. On sait aussi que le portable stimule la bêtise narcissique, dont témoigne l’effarante épidémie de selfies2. François Mauriac le disait très bien, « il existe une sottise d’époque ». La question reste ouverte de savoir si la bêtise, celle de la « foule immense des imbéciles » (saint Augustin) est une constante ou peut, comme on le subodore, croître ou décroître selon l’époque. Pour revenir à Donald Trump, il est en tout cas indéniable, comme le pensait Raymond Aron, que la sottise est un moteur de l’histoire.

Olivier Postel-Vinay

[post_title] => Sottise d’époque [post_excerpt] => [post_status] => publish [comment_status] => open [ping_status] => open [post_password] => [post_name] => sottise-depoque [to_ping] => [pinged] => [post_modified] => 2021-05-07 10:04:23 [post_modified_gmt] => 2021-05-07 10:04:23 [post_content_filtered] => [post_parent] => 0 [guid] => https://www.books.fr/?p=101116 [menu_order] => 0 [post_type] => post [post_mime_type] => [comment_count] => 0 [filter] => raw )
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Le temps d’attention des « milléniaux » est de neuf secondes.

La bibliothèque d’Alexandrie aurait abrité près de 700 000 volumes.

Il n’y a pas une façon « française » ou « allemande » de penser.

Une appréciation qui n’est pas comprise par un élève ne sert pas à grand-chose.

George W. Bush avait un QI estimé de 120.

L’aide au développement joue un rôle moins important qu’on le pense.

Les Américains d’origine indienne sont très majoritairement issus des hautes castes.

Dans l’Empire mandchou, les Chinois hans étaient des sujets parmi d’autres.

Le tout premier Walkman était conçu comme un jouet destiné aux élèves.

L’intuitionnisme voit dans les mathématiques une pure construction
de l’esprit humain.

Avec le temps, le monde se refroidira et tout mourra, mais c’est dans longtemps.

En 1958, le régime de Mao massacra les yaks des Tibétains.

L’expansion de l’Univers semble ne pas avoir de limite.

Si l’on déroulait tout notre ADN, il s’étendrait sur plus de 16 milliards
de kilomètres.

Le début de l’holocène, notre interglaciaire, fut la période la plus chaude que la Terre ait connue depuis lors.

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Chers lecteurs, chers amis,


Divine surprise ! Alors que la société Books était en liquidation, un candidat à la reprise du titre s’est manifesté : le groupe Actissia.  Books va reparaître, tous les deux mois. Le premier numéro, daté mai-juin 2021, sera livré fin avril. Tous les abonnés au Books ancien doivent en principe le recevoir. Il sera également disponible dans certaines maisons de la presse et librairies. Notre newsletter, consacrée à un livre paru à l’étranger, va également reprendre, deux fois par semaine.

Lorsque j’ai créé Books en 2008, je n’imaginais guère les évolutions qui allaient suivre. À l’époque on ne voyait que les aspects positifs de la révolution Internet. L’idée de lancer un nouveau magazine papier était jugée ringarde par les investisseurs professionnels. Il a fallu le non conformisme de quelques particuliers pour réunir les fonds nécessaires. Ils avaient compris le sens de ma démarche : pour éclairer l’actualité profonde, il fallait sortir des prismes franco-français, ouvrir largement les fenêtres sur le vent du large. Et, en même temps, s’appuyer sur l’objet culturel qui depuis l’Antiquité reste le plus puissant véhicule des idées construites : le livre. Il ne s’agissait pas de lire tous les livres, cela va sans dire, mais de s’appuyer sur des articles de qualité rédigés par des auteurs de livres à propos d’ouvrages sortis récemment - nouveautés, rééditions ou traductions nouvelles.

 Aujourd’hui l’emprise d’Internet n’a cessé de croître. Plus que jamais nous nous retrouvons  submergés par une déferlante d’informations où le vrai, le faux et le douteux se mélangent. Et plus que jamais le besoin se fait sentir de prendre du recul (« mouvement en arrière que fait un corps », nous dit Littré).  Voilà bien ce qu’offre Books, à sa façon décalée. Un magazine papier ! Et qui s’occupe de livres parus ailleurs !

 Books s’inscrit dans un combat, pour l’intelligence et la culture au sens le plus noble du terme. Notre propos est l’actualité à la lumière des livres ; notre mot d’ordre : du bon usage de l’esprit critique.

Olivier Postel-Vinay,
fondateur de Books

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L’élection présidentielle américaine s’annonce serrée. Une petite entreprise propose à l’un des partis de mieux cerner ses électeurs grâce une technologie compilant de vastes quantités de données. Et son candidat, qui semblait le moins bien placé, l’emporte de peu. Il ne s’agit ni de Donald Trump et Cambridge Analytica en 2016, mais de John F. Kennedy en 1960 et d’une entreprise aujourd’hui complètement oubliée, Simulmatics Corporation. L’historienne américaine Jill Lepore retrace la brève histoire de cette firme qui, selon elle, « a inventé le futur » dans If Then.

De Simulmatics à Cambridge Analytica

 Fondée l’année précédant l’élection, par un publiciste et fervent supporter du Parti démocrate Ed Greenfield, Simulmatics ambitionne de prédire comment les électeurs réagiront à telle ou telle déclaration des candidats. Elle met au point un système classant les votants en 480 catégories (sexe, blanc, protestant, urbain, etc.) et utilisant les réponses aux derniers sondages et les résultats électoraux des quatre dernières élections. « C’est le genre d’analyse courante aujourd’hui dans un monde où les campagnes politiques sont microciblées et gavées de données, mais à l’époque tout cela était nouveau et devait faire ses preuves », note Shannon Bond sur le site de la radio publique américaine NPR. Simulmatics a fourni trois rapports à l’équipe de campagne de Kennedy, mais qui ne contenaient rien de ce que les conseillers du candidat ne sachent déjà.

 C’est là le défaut de If Then, assure Seth Mnookin dans The New York Times. « Lepore tente de faire de Simulmatics une parabole et un précurseur d’"un XXIe siècle obsédé par les données et quasi totalitaire", mais elle ne peut pas passer outre le fait que cette entreprise a échoué dans presque toutes ses missions, et souvent de façon spectaculaire ». L’agence du département de la Défense qui fournissait à une époque 70% des revenus annuels de l’entreprise finit par la dénoncer comme une imposture discréditant la recherche comportementale. Simulmatics fait faillite en 1970.

Une époque obsédée par les données

Mais son échec n’est pas important, assure Lepore, car les ambitions de Simulmatics sont aujourd’hui devenues réalité. Et Mnookin la rejoint sur ce point. Aujourd’hui, écrit Lepore, l’humanité se trouve « dans une machine qui applique la science de la guerre psychologique à la vie quotidienne, une machine qui manipule l’opinion, exploite l’attention, traite l’information comme une marchandise, divise les électeurs, brise les communautés, aliène les individus et ébranle la démocratie. »

À lire aussi dans Books : Les habits neufs du marketing politique, novembre/décembre 2017.

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« Quand, las de son humour à quatre sous, je finissais par prendre congé de lui, Alberto se cassait en deux, regardait ses godasses, et me saluait invariablement par un “O mio curry !”. Pendant des années je me suis demandé pourquoi ce crétin m’appelait son curry, jusqu’à ce que, vingt ans plus tard, Olivier me propose d’illustrer ce mot japonais dans ma chronique pour Books. » D. P.

Omiokuri, « accompagner du regard une personne qui part », désigne la pratique japonaise consistant à se courber et à rester longtemps dans cette position même lorsque la ou les personnes qui ont pris congé sont déjà loin voire ont disparu de la vue.

Aidez-nous à trouver le prochain mot manquant:

Existe-t-il dans une langue un mot pour désigner le fait de considérer que, sur un sujet politique sensible, les arguments des uns valent d’être présentés sur le même plan que ceux des autres, comme s’ils pouvaient s’équilibrer ?Écrivez à

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Quand aurons-nous un vaccin fiable contre leCovid-19 ? Oublions les effets d’annonce. En réalité, nous n’en savons rien. Comme le rappelle le bioéthicien américain Carl Elliott dans The New York Review of Books, il a fallu quinze ans pour mettre au point un vaccin contre le papillomavirus, vingt-huit ans pour en trouver un contre la varicelle et nous n’en avons toujours pas contre le sida.

Le problème n’est pas seulement la difficulté de la tâche. Il est aussi qu’il ne faudra pas forcément prendre pour argent comptant les essais menés par les groupes pharmaceutiques ni même les autorisations de mise sur le marché. Depuis son numéro 4, en avril 2009, Books attire régulièrement l’attention de ses lecteurs sur les résultats biaisés et souvent truqués des essais cliniques réalisés par les compagnies pharmaceutiques. Le coup d’envoi avait été donné par la courageuse Marcia Angell, membre du sérail puisqu’elle avait longtemps dirigé la revue New England Journal of Medicine. En s’appuyant sur divers procès et enquêtes du Sénat américain, elle exposait comment l’industrie, pour « vendre » ses essais manipulés, corrompait de grands professeurs, afin qu’ils donnent leur imprimatur à ces escroqueries.

La littérature spécialisée sur le sujet montre que, dans presque toutes les disciplines, de la cardiologie à la psychiatrie en passant par la rhumatologie, on a pu déceler des manquements à l’intégrité scientifique conduisant à la mise sur le marché de médicaments pas plus efficaces que des placebos ou indûment étendus à des populations à risque. Il en est résulté un très grand nombre de décès et d’accidents de santé.

Le dernier livre en date sur la question ne fait hélas pas exception. Le bioéthicien Leemon McHenry, de l’université d’État de Californie, et Jon Jureidini, pédopsychiatre à l’Université d’Adelaide, en Australie, ont confié leur manuscrit à un petit éditeur pour être sûrs d’échapper à la censure. En dépit des mesures prises pour enrayer ces pratiques, les choses n’ont guère évolué depuis la publication du livre de Marcia Angell, déplorent les auteurs. Leur livre est le produit de dix ans d’enquête, au cours desquels ils ont notamment mis au jour deux cas patents de méconduite visant à prescrire un antidépresseur à des enfants et des adolescents. Il s’agit d’essais cliniques menés par ­GlaxoSmithKline pour la paroxétine (commercialisée en France sous le nom de Deroxat), et par Forest pour le citalopram (­Seropram et Seroplex en France). Pour ce faire, ils se sont plongés dans des milliers de documents restés jusque-là confidentiels. Les entreprises avaient faussé les résultats sur la sûreté et l’efficacité de ces médicaments, dissimulé des données révélant un risque accru de suicide et recruté des professeurs d’université pour valider les études. Selon la pratique consacrée, l’éminent professeur, moyennant finances, signe un article scientifique rédigé par des scribes payés par l’industrie. Ces deux études, disent les auteurs,  illustrent ce qui cloche dans un système qui permet à l’industrie de tester ses propres produits.

Et le contexte actuel les inquiète : « La pression du Covid-19 et les opportunités de recherche ainsi offertes signifient que les critères d’intégrité scientifique sont plus que jamais mis à l’épreuve et vont sans doute être mis à mal », estime Jureidini sur le site de l’Université d’Édimbourg.

Il faut noter que ce livre a fait l’objet d’une recension très positive dans la revue Nature, dont l’éditeur tire une part non négligeable de ses recettes des pages de publicité payées par l’industrie pharmaceutique. L’article est signé de Laura Spinney, une journaliste scientifique auteure d’un ouvrage de référence sur l’histoire de la grippe espagnole1. Cela dit, la potion magique préconisée par les auteurs, retirer les essais cliniques des mains de l’industrie, relève d’une forme d’angélisme. Car ces essais sont très onéreux : qui va payer ?

[post_title] => Big Pharma et Covid-19 [post_excerpt] => [post_status] => publish [comment_status] => open [ping_status] => open [post_password] => [post_name] => big-pharma-et-covid-19 [to_ping] => [pinged] => [post_modified] => 2020-09-28 15:35:21 [post_modified_gmt] => 2020-09-28 15:35:21 [post_content_filtered] => [post_parent] => 0 [guid] => https://www.books.fr/?p=96111 [menu_order] => 0 [post_type] => post [post_mime_type] => [comment_count] => 0 [filter] => raw )
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« Ici », ce sont les États-Unis de 1936, et « cela », cette chose qui ne peut pas y ­arriver, c’est une dictature de type nazi. Vraiment ? Non, démontre Sinclair Lewis, qui a été en 1930 le premier auteur américain à recevoir le prix Nobel de littérature : « cela » peut arriver n’importe où, y compris à Washington, capitale de la démocratie.

C’est l’épouse du romancier, la journaliste Dorothy Thompson, expulsée de Berlin après avoir interviewé Hitler (« Jamais vu un regard pareil »), qui a alerté son mari sur les dangers du fascisme issu des urnes. En cinq mois à peine, entre mai et octobre 1935, Lewis écrit, corrige et publie ce qu’il estime être un ouvrage de « propagande démocratique ». Ce roman qui « transgresse toutes les règles de l’écriture romanesque », dira un critique, devient pourtant immédiatement un best-seller, et Lewis en écrira l’année suivante une adaptation théâtrale (un film aussi était prévu, mais les studios MGM y renoncèrent pour des raisons financières et politiques).

Pour alerter ses concitoyens sur les risques d’élire n’importe qui à la place de Franklin D. Roosevelt en novembre 1936, Lewis imagine les conséquences qu’aurait l’arrivée au pouvoir par les urnes de Berzelius « Buzz » Windrip, un sulfureux bateleur d’estrade, un démagogue manipulé par une multitude d’intérêts contradictoires et soutenu par un prédicateur de radio catholique et antisémite. Windrip l’emporte sur Roosevelt et s’empare de la Maison-Blanche grâce à son programme honteusement populiste. Sitôt élu, il réduit le Congrès à un rôle purement consultatif, musèle la presse et les universités, donne champ libre à ses nervis. Ensuite, tout dégénère très vite. Le narrateur, Doremus Jessup, un journaliste libéral du Vermont, est expédié en camp de concentration, son opposant de gendre est fusillé, sa fille se sacrifie, son fils bascule dans l’opportunisme. S’ensuit un coup d’État, un contre-coup d’État, une guerre contre le Mexique, peut-être même une guerre civile…

Il ne s’agit heureusement que d’une dystopie, fruit de l’imagination fébrile de Sinclair Lewis. Mais, si cette fiction hâtivement rédigée a connu un tel succès immédiat, c’est sans doute parce qu’elle n’était pas si fictionnelle que cela. Alors que, en Europe, Hitler et Mussolini étaient installés au pouvoir, les États-Unis flirtaient eux aussi avec la tentation fasciste, incarnée par l’inquiétante candidature populiste du sénateur de Louisiane Huey Long. Ce démagogue pur jus soutenu par un prédicateur radio fascisant avait vu ses ambitions stoppées net par la balle d’un ­assassin en 1935.

Quelques mois plus tard, Roosevelt était triomphalement réélu : l’Amérique l’avait échappé belle. Mais certaines personnalités telles que le magnat de la presse Randolph Hearst, l’industriel Henry Ford et, surtout, le héros de l’aviation Charles ­Lindbergh avaient des sympathies pour Berlin. Un projet de coup d’État militaire fomenté par des indus­triels hostiles au New Deal ­aurait été ourdi en 1933 pour renverser Roosevelt. Et, en 1939, un meeting rassemblait 20 000 Américains d’origine allemande et pronazis au Madison Square Garden pour conspuer « Franklin D. Rosenfeld ».

Dans ce drôle de roman pas vraiment drôle, Lewis s’intéresse moins aux tyrans qu’à ceux qu’ils tyrannisent. Comment d’honnêtes et lucides concitoyens du Vermont, en tête desquels Doremus Jessup, ont-ils pu se laisser duper ainsi sans réagir à temps contre l’horreur parfaitement prévisible ? Réponse de l’écrivain : « La tyrannie de cette dictature n’est pas la faute des grands ­patrons ni de tous les démagogues qui font son sale boulot. C’est la faute de Doremus Jessup ! De tous les Doremus Jessup, respectables, consciencieux, paresseux intellectuellement, qui ont laissé les démagogues se faufiler sans protester assez vigoureusement. » Lewis emploie 400 pages à décrire toutes les étapes et tous les détails des glissements plus ou moins progressifs vers l’horreur, de l’aveuglement et l’indolence préélectorale au « fait accompli électoral » que suit un inévitable cortège de lâchetés, de soumissions, d’opportunisme financier ou carriériste…

Il est pourtant possible, et Lewis y contribue, de détecter en amont les individus prédisposés à devenir des dictateurs – ils se ressemblent tous. Le shakespeaorologue Stephen Greenblatt en énumère les traits dans le livre qu’il a consacré aux tyrans qui peuplent l’œuvre du Barde : « Ils ont un ego démesuré, s’estiment au-dessus des lois, prennent plaisir à infliger de la souffrance, ont un désir compulsif de dominer. Ils sont d’un narcissisme pathologique et d’une arrogance extrême. Ils ont le sentiment grotesque que tout leur est dû et ne doutent jamais de pouvoir parvenir à leurs fins. Ils exigent une loyauté absolue mais sont incapables de gratitude. » 1 Si ces traits de caractère peuvent s’épanouir, poursuit Greenblatt, c’est en raison des fragilités institutionnelles ou de la collaboration active et mortifère des élites politiques.

Le protodictateur, complète le neurobiologiste Dean Haycock dans le livre qu’il a consacré aux personnalités tyranniques 2, a en général une grosse revanche à prendre sur la société. Il est opportuniste mais se présente volontiers comme défenseur du « pauvre gars », auquel il propose de redonner sa chance et sa fierté. Il s’entoure en général d’acolytes plus intelligents, plus instruits, plus dangereux que lui, qui le manipulent avant de le trahir. Il exècre la presse, les intellectuels, les étrangers.

Les psychologues d’aujourd’hui ont mis au point – à l’usage de la CIA, du FBI ou des professionnels en ­général – des grilles d’évaluation qui devraient permettre, en théorie du moins, de détecter les personnes prédisposées à la « psychopathologie dictatoriale » (1 % de la population tout de même).

Mais, s’il faut visiblement certaines propensions pour souhaiter le pouvoir, elles ne sont en général suffisantes ni pour y arriver, ni pour s’y maintenir. Heureusement, parce que le pouvoir (notamment quand il est ­absolu) est un formidable incubateur de prédispositions suspectes, qu’il transforme presque immanquablement en véritables troubles mentaux. En gros, ces derniers sont ceux que l’historien romain Suétone avait déjà listés au Ier siècle : ­débauche, violence incontrôlable, hypersexualité, ­sadisme, ­cruauté, orgueil stratosphérique, superstition, déraison financière, jalousie, mégalomanie, complexe d’infériorité et, surtout, paranoïa. Le tyran en puissance passe en effet rapidement d’un autoritarisme incompétent, voire ­cocasse, au délire de persécution, car comment verrait-il autour de lui autre chose que des traîtres, des menteurs ou des assassins potentiels quand il a lui-même fait un usage abondant de la trahison, du mensonge, voire de la brutalité ? Et, de la paranoïa pathologique à la sociopathie, il n’y a qu’un pas, souvent franchi, hélas.

Alors que faire ? Lewis, qui se veut « diagnosticien, pas réformateur », décrit le danger sans donner les recettes pour le combattre. Les urnes sont des boîtes de Petri dont toutes sortes d’organismes toxiques peuvent surgir, se contente-t-il de montrer. Au citoyen américain de prêter attention à la personnalité de ­celui qu’il est appelé à élire tous les quatre ans et de réagir à quelques signaux inquiétants. Comme la vantardise, l’anti-­intellectualisme, l’exécration de la presse, l’obsession des murs, le mépris de l’étranger ou la démagogie patriotique.

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Pitié pour le lecteur ! Halte aux livres démesurément longs, sauf ceux des littérateurs si grands qu’ils ont toute licence pour rallonger et rallonger encore leurs textes. Comme Proust collant des hectomètres de « paperolles » au bas de pages déjà nombreuses, ou James Joyce gonflant encore Ulysse sur le marbre de l’imprimeur. Mais pour le tout-venant des auteurs, pas de cette prolifération-là ; on attend d’eux au contraire qu’ils peaufinent leurs œuvres en les resserrant. Hélas, le scalpel est encore plus difficile à manier que la plume.

« Tuer ses propres bébés » – comme disait Hemingway – est en effet bien douloureux. Dans des conditions normales, enfin normales pour un écrivain, celui-ci produit disons 5 000 mots en trois à quatre heures de travail par jour, de préférence le matin. Mais, lorsqu’il s’agit de retrancher, le rythme est bien plus lent. Quand Jack London ne s’autorise à boire qu’après avoir produit à toute vitesse 1 000 mots, Joan Didion doit se verser un verre avant de pouvoir attaquer (en début de soirée) son rude travail de compression. Imaginez : il faut se relire, ce qui est déjà pénible. Puis tailler dans le vif des descriptions, et surtout des détails.

Diabolique, les détails : combien faut-il en éliminer pour ne garder que ceux qui illuminent le texte ? Même sort pour les images qui n’aident pas à voir, les anecdotes qui n’expliquent rien ou les personnages qui ne tiennent pas la route, rétrogradés, voire sacrifiés, au profit de petits arrivistes qui jouent des coudes et embarquent l’histoire avec eux…

« Écrire est humain, raccourcir est divin » décrète Stephen King du haut de sa montagne de livres. Il doit s’agenouiller devant Nadine Gordimer, qui parvient à diviser son texte initial par quatre. Dilatation-­compression, diastole-­systole, cette pulsation vitale donne naissance à une page tailladée, ajourée, parfois jusqu’à n’être plus bonne qu’à finir en boulette dans la corbeille. Mais ce qui survit à l’essorage est en général bien plus plaisant à lire, car rédigé dans une langue épurée, débarrassée des mots inutiles (notamment adjectifs et adverbes, « ces pavés de la route vers l’enfer », dit encore King).

Toujours technophiles, les Anglo-­Saxons ont mis au point des outils de mesure de la lisibilité du texte, comme le célèbre Gunning Fog ­Index, un indice de graisse stylistique. Il se calcule en divisant d’abord le nombre de mots d’un échantillon par le nombre de phrases, puis en mesurant le pourcentage de mots « complexes » (de plus de sept lettres, rares, etc.). Résultat, après trituration : un indice qui, pour rester dans la zone de confort du lecteur, ne doit pas dépasser 8-10 (ici, on est à 10. Ouf, mais de justesse !) Avec Proust, on va pourtant jusqu’à 15 – maximum tolérable pour une lecture de plaisir. Mais, pour les lectures « obligées » comme les textes administratifs, le brouillard de jargon peut s’épaissir sans vergogne jusqu’à 20-25. Est-ce pour dissuader les administrés d’y regarder de trop près ou pour mieux répartir la charge entre lecteurs et auteurs des textes officiels ? Car la gomme, répétons-le, est bien plus difficile à manier que le crayon.

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