Cave hominem

La Terre a dépassé le cap des 7 milliards d’habitants et encore gagné 70 millions de nouvelles têtes cette année. « Cette augmentation tend cependant à ralentir avec une baisse mondiale plus ou moins importante du taux de fécondité », lit-on sur Wikipédia. Mais l’encyclopédie en ligne est loin du compte. Le taux de fécondité, qui était de plus de 5 enfants par femme au début des années 1960, est tombé à 2,5 à l’échelle mondiale. Et devrait continuer à baisser, pour passer en dessous du seuil de remplacement (2,1) d’ici une trentaine d’années. À ce moment-là, événement jugé impensable il y a peu, la population du globe commencera de baisser. Dans l’une des hypothèses qu’ils présentent, les experts de l’ONU envisagent un pic vers 2040-2050 (à un peu plus de 8 milliards d’hommes) puis une baisse à un peu plus de 6 milliards en 2100 (donc un milliard de moins qu’aujourd’hui). Tel est du moins le point de vue d’un nombre croissant de démographes, qui s’interrogent sur les raisons profondes de cette évolution prévisible et sur ses conséquences possibles. Évolution prévisible, mais pas certaine, bien sûr. Les experts se sont beaucoup trompés dans le passé, et la marge d’incertitude est considérable. Le taux de fécondité dépend de nombreux facteurs, notamment psychologiques, hautement volatils. Nul n’avait prévu que l’enfant unique deviendrait davantage la réalité dans les pays d’Asie voisins de la Chine que dans la patrie de Mao. Bien peu avaient envisagé que la fécondité de l’Espagne ou de l’Italie pourrait tomber en dessous de 1,5, que celle du Brésil deviendrait inférieure à celle des États-Unis. Aujourd’hui, les projections publiées annoncent que le Nigeria sera plus peuplé que la Chine et que le Japon pourrait avoir deux fois moins d’habitants d’ici 2100. Qu’en sera-t-il vraiment ? Et comment envisager le sort d’économies où la majorité de la population sera grisonnante ? Une certitude : de grands bouleversements se préparent.  

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