Freya Stark, chapeautée et culottée

Au cours de ses multiples voyages au Moyen-Orient, Freya Stark put compter sur son don pour les langues et son art consommé de la conversation. Elle parvint ainsi à pénétrer les univers les plus fermés : des harems du Yémen aux montagnes syriennes en passant par le fief des Bédouins du désert d’Arabie et le cabinet du ministère de l’Information britannique. 


En 1928, Stark traverse à dos d’âne le djebel el-Druze avec une amie anglaise, sans domestique ni bagages superflus. Soupçonnées d’espionnage par l’armée française, elles sont mises aux arrêts pendant trois jours. © Royal Geographical Society / Alamy

Bien que les Britanniques aient ordonné à leurs épouses et à leurs filles de quitter Bagdad, la foule réfugiée à l’ambassade de Grande-Bretagne comptait encore dix-neuf femmes fin avril 1941, peu après le ralliement du gouvernement irakien à l’Allemagne. Un putsch pro-nazi s’était produit quelques semaines plus tôt dans un calme relatif, mais l’hostilité croissante envers les Britanniques et l’apparition soudaine de soldats irakiens en armes avaient placé la ville sous tension, d’autant que l’Angleterre, massivement engagée en Libye et en Grèce, disposait de peu de renforts. L’armée irakienne avait déjà encerclé la base voisine de la Royal Air Force quand, à l’aube du 3 mai, la fameuse exploratrice Freya Stark parcourut au pas de course les rues désertes pour franchir juste à temps une porte dérobée de l’ambassade.

Le portail principal avait été verrouillé ; sacs de sable et barbelés avaient été fébrilement disposés à l’intérieur ; on brûlait des monceaux de documents dans la cour. Malgré tout, les jardiniers persans continuaient d’arroser la verveine en fleur ; à ...

LE LIVRE
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La Vallée des Assassins de Freya Stark, Payot, 2002

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