Publié dans le magazine Books n° 38, décembre 2012.
Se fondant sur le calendrier maya, un vaste mouvement s’est développé autour d’une fin du monde annoncée pour le 21 décembre 2012. Un bon millier de livres exploitent ce filon. Les anthropologues sous-estiment l’ampleur d’un phénomène qui nous informe sur la naissance des religions.
Spécialiste de la céramique mésoaméricaine et des modes de vie dans la préhistoire de cette région, John Hoopes est professeur au département d’anthropologie de l’université du Kansas.
Comment en êtes-vous venu à vous intéresser à ce qu’on pourrait appeler l’archéo-mythologie ?
Parlons plutôt d’ethnologie de la culture contemporaine. Je pense que mon intérêt pour ces questions remonte à l’adolescence. J’étais un grand consommateur de pseudo-archéologie. J’adorais la science-fiction et la littérature fantastique. J’ai publié mon tout premier article de recherche pendant ma dernière année de lycée : c’était une évaluation critique des publications consacrées à l’Atlantide, ce continent disparu.
Quels sont les éléments concrets, scientifiques, qui fondent la croyance selon laquelle l’Apocalypse aura lieu le 21 décembre 2012 ?
Il y a d’abord les prophéties contenues dans les « livres du Chilam B’alam » (« Prêtre Jaguar », en maya du Yucatan). Le Prêtre Jaguar est un prophète légendaire dont les prédictions sont consignées en langue maya yucatèque (...