La gastronomie française à l’heure du fast-food

Pays de la haute cuisine, la France est aussi celui qui, en dehors des États-Unis, a fait le meilleur accueil aux McDonald’s. Comment expliquer un tel paradoxe ? Peut-être par un rapport compliqué à la société de consommation et à la démocratisation.


Avec plus de 1 400 établissements en France, McDonald’s a su s’imposer dans un pays qui s’enorgueillit pourtant de sa gastronomie.

En France, la gastronomie est bien plus qu’un plaisir des sens. Au XIXe siècle, nous explique le sociologue américain Rick Fantasia – qui a étudié la question de près –, la haute cuisine a contribué à l’émergence d’un « nationalisme culinaire », facteur de « consolidation de la conscience nationale » presque au même titre que la littérature, avec laquelle elle avait alors partie liée (voyez Balzac, voyez Dumas).

La gastronomie est même devenue, grâce aux efforts conjugués de Talleyrand et de Carême au congrès de Vienne de 1814, un puissant instrument diplomatique – pas du soft power, du power tout court. Talleyrand disait déjà à Napoléon, un antigastronome qui préférait manger debout pour gagner du temps : « Donnez-moi de bons cuisiniers, je vous ferai de bons traités. » De Gaulle, pourtant lui aussi peu gourmet, avait décidé d’emblée que la cuisine française était un élément essentiel du prestige national, et que ...

LE LIVRE
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Gastronomie française à la sauce américaine. Enquête sur l’industrialisation de pratiques artisanales de Rick Fantasia, Seuil, 2021

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