La partition stalinienne de Prokofiev

Le compositeur Sergueï Prokofiev fut à la fois un privilégié et une victime du stalinisme. Patriote convaincu, il chercha jusqu’au bout à plaire aux apparatchiks du régime. Quitte à dénaturer son art.


Prokofiev/ Library of Congress
C’est l’une des grandes énigmes de l’histoire de la musique moderne : en 1936, à 44 ans, après plus d’une décennie de succès à New York et Paris, Sergueï Prokofiev élisait définitivement domicile dans la Moscou de Staline. Pendant quelque temps, il bénéficia des privilèges du patronage officiel mais, comme c’était inévitable, sa chance tourna : il fut accusé de « formalisme dépravé », avec Dmitri Chostakovitch et d’autres, lors des procès à grand spectacle de 1948. Chefs d’orchestre et directeurs de salle firent disparaître ses œuvres de leurs programmations. Sa musique ne survécut que grâce au film d’Eisenstein, Alexandre Nevski, que Prokofiev finit par avoir en horreur, précisément parce que c’était la seule de ses œuvres à être diffusée, ad nauseam, sur les ondes. Le compositeur passa plusieurs années dans cette sorte d’exil intérieur, confiné chez lui, handicapé par la maladie, parfois à peine capable de travailler plus d’une heure par jour, s’acharnant à remanier ses ballets et ses opéras pour plaire aux bureaucrates, souvent des rivaux sans talent n’ayant aucunement l’intention de le ré...
LE LIVRE
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L’artiste du peuple. Les années soviétiques de Prokofiev de La partition stalinienne de Prokofiev, Oxford University Press

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