La révolution et ses pauvres

En 1790, l’indigence de la France rurale était comparable à la misère absolue de l’Irlande. Quantité de mesures furent prises par les révolutionnaires enthousiastes en faveur des plus démunis. Mais l’incompétence économique, les partis pris idéologiques et la guerre eurent raison de ces bonnes intentions.

Généralement, les révolutions sociales sont censées profiter aux pauvres. Insinuer le contraire, c’est passer pour un singulier amateur de paradoxe. Après tout, les révolutionnaires affirment – sans doute de bonne foi – que leur nouvel ordre sera favorable aux plus fragiles. Mais la bienveillance des intentions ne dit rien des effets tangibles d’une politique. Même si, à long terme, il s’agit d’un changement pour le mieux, la phase de transition peut se révéler catastrophique pour les plus démunis avec son cortège de confusion, de perte de confiance économique et de maladresses de gestion. Quand le philosophe conservateur Edmund Burke évoquait l’impossibilité de fournir aux pauvres ces « choses nécessaires qu’il a plu à la divine Providence de leur refuser pendant un temps », il devait savoir que lesdits pauvres ne seraient peut-être plus là au moment où lesdites « choses nécessaires » redeviendraient disponibles (1). Même s’ils ne partagent pas les vues de Burke sur la Providence, les chefs révolutionnaires se réclament parfois de la même logique, pressant leurs partisans d’oublier les « chétives marchandises » dont parlait Robespierre et de sacrifier le pré...
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La Révolution française et les pauvres de La révolution et ses pauvres, Perrin

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