Le gourou du suicide assisté

Depuis quinze ans, l’association Dignitas accueille en Suisse les étrangers désireux de se donner la mort. Atteints d’une maladie incurable, ils paient pour connaître une fin rapide et sans souffrance. Aux yeux de Ludwig Minelli, le fondateur de l’organisation, c’est là un droit de l’homme fondamental. Et 80 % des Suisses sont d’accord avec lui. Mais son goût de la provocation et sa volonté d’assister les suicidaires bien portants en font un personnage honni.

Ludwig Minelli, un avocat qui se présente lui-même comme un humanitaire, aide les gens à se tuer. Récemment, il m’a invité à une fête pour l’inauguration de l’Oasis bleue, la dernière-née des propriétés qu’il a transformées en maisons de décès pour le compte de Dignitas, l’organisation qu’il a fondée en 1998. C’est une maison bleue de deux étages, située à côté d’une usine de machines-outils et en face d’un terrain de football dans une zone industrielle, à une demi-heure de route à l’est de Zurich. Dans la cour, des arbres en fleurs et de hautes herbes encadrent un bassin rond parsemé de nénuphars et rempli de poissons rouges. Un chemin de gravier traverse la petite cour en serpentant jusqu’à un petit restaurant qui propose des boissons et des sandwichs à emporter. Par ce chaud après-midi d’été, la gérante du snack, une quadragénaire croate, coupe des tomates derrière le comptoir. Je lui demande comment vont les affaires. Pas très bien, répond-elle. Son commerce marchait bien jusqu’à l’arrivée de Dignitas. « Minelli est charmant, mais sa ...
LE LIVRE
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L’Utopie de Thomas More, Gallimard, 2012

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