Les petites routines des grands esprits

Le quotidien des créateurs ressemble à l’existence bien réglée du petit-bourgeois. Des horaires stricts, de l’exercice, et quelques litres de thé ou de café, voilà les vrais secrets du génie.

Erik Satie a beau avoir porté des costumes en velours, mangé des omelettes de trente œufs et fondé l’Église métropolitaine d’art de Jésus Conducteur, ce n’était là que poudre aux yeux bohème. Il marchait aussi 19 kilomètres par jour pour aller jusqu’à Paris et en revenir, composant en chemin. Dans l’introduction de son petit livre formidable et divertissant, Mason Currey cite l’écrivain V. S. Pritchett : « Tôt ou tard, tous les grands hommes finissent par se ressembler. Ils n’arrêtent jamais de travailler. Ils ne perdent jamais une minute. C’est tout à fait déprimant. » Ainsi, il n’est peut-être pas surprenant d’apprendre que la plupart des artistes de génie, ceux qui ont légué au monde une œuvre impérissable, n’étaient pas le moins du monde bohèmes. Ils ont suivi le fameux conseil de Flaubert : « Soyez réglé dans votre vie et ordinaire comme un bourgeois, afin d’être violent et original dans vos œuvres. » La nourriture, ce simple carburant du cerveau, a souvent peu d’importance. Patricia Highsmith vivait de vodka, de céréales, et d’œufs au bacon. Au déjeuner, Ingmar...
LE LIVRE
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Rituels quotidiens de Les petites routines des grands esprits, Picador

ARTICLE ISSU DU N°51

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