Disney : Donald Duck, l’impérialiste cynique

Un livre culte paru en 1971 au Chili dénonce les idées véhiculées par les bandes dessinées de Disney. Traduit dans le monde entier, il a mis plus de quarante ans pour arriver aux États-Unis.


© Moviestore collection Ltd / Alamy

Pour Ariel Dorfman et Armand Mattelart, le monde de Disney est un orphelinat du XIXe siècle où règnent la discipline et l’obéissance à l’autorité arbitraire de l’oncle. Ici, le court-métrage Le Noël de Mickey (1983).

À Santiago du Chili, au début des années 1970, Ariel Dorfman était conseiller culturel du président Salvador Allende. Il y avait de la ferveur révolutionnaire dans l’air, et Dorfman, comme il l’écrit dans son autobiographie, ressentait « le vertige de ces quelques grands moments de l’existence où l’on sait que tout est possible » 1.   Il écrivait de tout, des poèmes, des rapports, des bandes dessinées pour enfants, des jingles radio­phoniques. Son œuvre la plus marquante de cette époque est un livre intitulé Para leer al Pato Donald. Comunicación de masas y colonialismo (« Comment lire Donald. Communication de masse et colonialisme »), signé avec le sociologue belge Armand Mattelart. Aux États-Unis, Disney était surtout connu pour ses films et ses parcs d’attractions, mais, à l’étranger, ses bandes dessinées étaient très lues. Au Chili, ­Donald était de loin le personnage de Disney le plus connu. Mais Dorfman et Mattelart soutenaient qu’il était un porte-parole de la réaction, destiné à calmer les ardeurs révolutionnaires, à encourager la passivité et à minimiser les méfaits du colonialisme. Quel exemple donnait-il, ce canard eunuque qui ne courait qu’...
LE LIVRE
LE LIVRE

Para leer al Pato Donald. Comunicación de masas y colonialismo de Ariel Dorfman ­et Armand Mattelart, Siglo XXI, 2012

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