Mélodie fongique en sous-sol

Connu et apprécié dans les assiettes, le champignon n’est que la modeste excroissance du mycélium, un complexe maillage souterrain qui fascine les chercheurs. Ni végétal ni animal, il emprunte aux deux branches. Spécialiste du réseau et de la connectique, il fait preuve d’une intelligence redoutable et parfois d’une force étonnante. Pourrait-il, à l’instar du LSD, coloniser nos cerveaux ?


Dans la jungle amazonienne, cette sauterelle a été colonisée et tuée par un champignon entomopathogène appartenant au genre Cordyceps et à la famille des Cordycipitaceae.

Essayez d’imaginer que vous êtes un mycète. Pas simplement un champignon qui, en une nuit, perfore de son chapeau le sol humide ou se fraie délicatement un passage dans l’écorce d’une souche en décomposition : ce serait imaginer le raisin plutôt que la vigne. Essayez plutôt de visualiser la partie principale d’un champignon, le mycélium, ce réseau proliférant de minuscules filaments blancs appelés hyphes. Décentralisé, curieux, mobile et vorace, un réseau mycélien parcourt le sol à la recherche de nourriture. Il s’entremêle étroitement aux racines des plantes, échangeant avec elles sucres et nutriments ; il s’unit aux hyphes d’autres réseaux le temps d’une relation sexuelle mycélienne ; les messages envoyés depuis sa myriade de terminaisons sont transmis rapidement à l’ensemble du réseau par des moyens mystérieux, peut-être chimiques, peut-être électriques. En matière de nourriture, il préfère le bois, mais, avec un peu d’entraînement, il peut apprendre à absorber de nouvelles substances, notamment des produits chimiques toxiques, du plastique et du pétrole.