Hartmut Rosa : « Nous sommes pris au piège de la vitesse »

Tout accélère : nous vivons, parlons, travaillons de plus en plus vite. Ce mouvement a longtemps été source de progrès. Aujourd’hui, nous sommes comme un hamster dans sa cage. Nous tournons à vide.

  Le sociologue et politologue Hartmut Rosa, né en 1965, enseigne à l’université Friedrich-Schiller de Iéna. Paru en 2005 en Allemagne, Accélération l’a imposé comme une figure majeure de la nouvelle génération d’intellectuels allemands.   Vous dressez dans votre livre ce constat étrange : « Nous n’avons pas le temps, alors même que nous en gagnons en permanence toujours plus. » Que voulez-vous dire ? C’est l’un des grands paradoxes de la modernité. Le progrès technique aurait dû permettre aux hommes de libérer de longues plages de temps libre. Certains prophétisaient d’ailleurs même la fin du travail et l’avènement d’une société de pur loisir. Or ce n’est pas du tout ce qui s’est produit. Les ressources temporelles potentiellement « gagnées », par exemple dans les tâches ménagères – avec l’utilisation d’aspirateurs, de lave-linge et de lave-vaisselle, de fours à micro-ondes –, ont été absorbées par l’augmentation parallèle du temps d’utilisation de ces nouveaux outils. De même, des études ont montré que ...
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Accélération. Une critique sociale du temps de Hartmut Rosa, La Découverte, 2010

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