Petits arrangements d’un grand auteur

Un écrivain majeur fait parfois bien des compromis. La preuve par la version non expurgée du roman de Fallada, Quoi de neuf, petit homme ?


©Ullstein Bild / Getty

Hans Fallada avec son fils, en 1947. Comme son personnage Johannes Pinneberg, l’écrivain était un père de famille, pas un héros.

Hans Fallada était un homme accommodant. Prêt au compromis, souple, prudent, angoissé. Cette nature de roseau l’amena, en littérature, à faire des concessions étonnantes. Et nous pouvons ­désormais en prendre toute la ­mesure grâce à l’édition non ­expurgée de son roman le plus ­célèbre, Quoi de neuf, petit homme ?, qui vient de paraître. Fallada était à peu près le contraire du grand auteur tel que nous nous le figurons, refusant les compromis et défendant mordicus l’intégrité de son œuvre. Parce que l’art, bien entendu, n’accepte aucun arrangement… Lui-même aurait jugé ridicule cette représentation. Il était passé maître dans l’art de louvoyer. Ici, et sans doute est-ce un cas unique, c’est l’éditeur qui exhorte son auteur en train d’écrire à ne pas faire de compromis. Le 1er décembre 1931, Ernst Rowohlt envoie à Fallada, Rudolf Ditzen de son vrai nom, la lettre suivante : « Cher maître Ditzen, je vous en conjure, mon cher ami, en rédigeant, ne prenez pas garde au fait que peut-être un club de lecteurs ou le Berliner Illustrirte ou un autre journal demandera à ...
LE LIVRE
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Quoi de neuf, petit homme ? de Hans Fallada, Aufbau Verlag, 2016

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