Piégée dans un nid de coucou

À 23 ans, pour les besoins d’une enquête sur le traitement réservé aux malades mentaux, Nellie Bly infiltre un asile psychiatrique en se faisant passer pour folle. Elle ne s’imaginait pas un tel enfer : privation de nourriture et de sommeil, passages à tabac, douches glacées, humiliations, déconsidération. Le récit qu’elle tire de son expérience fera d’elle un grand nom du journalisme d’investigation.


Née Elizabeth Cochrane, Nellie Bly entame sa carrière de journaliste en 1885, en adressant un courrier culotté au Pittsburg Dispatch. © H. J. Myers / Science Source / AKG

En 1887, deux ans après avoir adressé une « réponse à un phallocrate paternaliste » 1 qui a donné le coup d’envoi à sa carrière et deux ans avant de s’embarquer dans un tour du monde afin de battre le record de quatre-vingts jours du roman de Jules Verne 2, la journaliste victorienne Nellie Bly réalise l’un des exploits les plus courageux de l’histoire du journalisme d’investigation : feignant la folie, elle se fait interner à l’asile psychiatrique pour femmes de Blackwell’s Island, à New York, afin d’attirer l’attention de l’opinion publique sur la brutalité et la négligence épouvantables dont sont victimes les patientes. Son compte rendu, à l’origine publié sous forme d’une série d’articles dans le New York World, a ensuite paru sous le titre Dix Jours dans un asile. Non seulement ce récit vaut à Bly, jeune femme d’une vingtaine d’années dans un environnement médiatique dominé par les hommes, une réputation de journaliste brillante et intrépide, mais il donne lieu à une enquête mené...

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Dix Jours dans un asile de Nellie Bly, Points, 2016

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