Prisons et malades mentaux aux États-Unis

Les Américains ont une relation pathologique avec la folie. Depuis le XIXe siècle, une succession de décisions absurdes condamne les patients à des conditions de vie effroyables. Si la plupart des asiles ont fermé, une bonne partie des malades mentaux croupissent en prison.


© Lili Holzer-Glier/REDUX-REA

Aux États-Unis, le détenu type est un homme jeune et non blanc. Ici à Chicago, dans l’aile psychiatrique de la prison du comté de Cook, plus grand établissement pénitentiaire du pays.

Dans un article paru en 1939, le médecin britannique Lionel Penrose décrivait une corrélation inverse entre prisons et asiles – l’« hypothèse de Penrose ». Très respecté dans les milieux médicaux pour ses travaux pionniers sur la trisomie 21 et d’autres maladies génétiques, Penrose était surtout connu pour son application de formules mathématiques aux problèmes sociaux les plus tenaces. En se fondant sur des statistiques collectées dans 18 pays européens, il démontra que la population carcérale dans une loca­lité donnée augmentait ou diminuait en fonction du nombre de lits occupés dans les établissements psychiatriques. Si une population augmentait, l’autre déclinait au même rythme. Cet article ne fit pas grand bruit. Une guerre mondiale avait éclaté, et Penrose passa à autre chose : sa « méthode Penrose » (1946), qui fit couler beaucoup d’encre, visait à faciliter la constitution de nouvelles instances internationales ; elle prévoyait d’accorder à chaque État un nombre de suffrages fondé sur la ­racine carrée de sa population. À sa mort, en 1972, l’hypothèse de Penrose ne constituait guère qu’une note au sein d’une carrière brillante et éclectique. Les temps ...
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Insane: America’s Criminal Treatment of Mental Illness de Alisa Roth, Basic Books, 2018

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