Publié dans le magazine Books n° 2, janvier - février 2009. Par La rédaction de Books.
Inscrite dans les textes fondateurs de l’État d’Israël, la notion de « peuple juif » est un mythe. Il n’y a pas plus de peuple juif que de peuple chrétien ou musulman. Il n’y a pas non plus eu d’Exil, ni donc de Diaspora.
Avant ce livre, vous avez surtout travaillé sur l’histoire des intellectuels au XXe siècle, notamment en France. Comment en êtes-vous venu à aborder la question de l’histoire longue des juifs ?
Pour un historien qui, comme moi, vis à Tel-Aviv, se limiter à voyager en Europe en négligeant les richesses enfouies dans les bibliothèques et les archives locales concernant les juifs et le judaïsme, aurait été à mes yeux un véritable péché. J’ai décidé de m’intéresser à l’histoire des juifs parce que je trouvais que l’historiographie officielle se pliait trop à des « besoins nationaux » que je considère comme dépassés et qu’il était nécessaire de la remettre un peu à jour.
Le titre de votre livre en hébreu est « Quand et comment le peuple juif fut-il inventé ? ». Le peuple juif est donc une invention ? Ce n’est pas un peuple ?
Pour créer des nations, on a rétrospectivement inventé des peuples. L’idée nationale juive n’est pas un cas unique. À mes yeux, il n’existe pas et n’a pas existé de peuple juif. Pas plus qu’il n’existe de peuple ...