Tayeb Salih, écrire contre l’exil

Pour le public francophone, c’est un presque inconnu. Tayeb Salih est pourtant l’un des plus grands écrivains du XXe siècle. Parti vivre à Londres au début des années 1950, ce Soudanais a porté à l’incandescence romanesque le regret de l’exil. Sous sa plume hypnotique, le village imaginaire de Waddi Hamadi, théâtre de ses récits, est devenu le lieu emblématique d’un monde arabo-africain déchiré entre l’Orient et l’Occident. Cet écartèlement est notamment le thème de son chef-d’œuvre, Saison de la migration vers le Nord, élu en 2001 « roman arabe le plus important du XXe siècle ». « C’est à la suite d’une longue absence, messieurs, que je revins dans ma famille », commence-t-il. Quelques mois après sa mort, Books invite ses lecteurs à découvrir ou redécouvrir ce géant en donnant la parole à deux critiques littéraires arabes.

À l’hiver 1953, Tayeb Salih a quitté Khartoum pour un voyage de plus d’un demi-siècle. C’était en février de cette année-là. Et c’est en février de cette année-ci qu’il est rentré au Soudan, pour être enterré au cimetière d’Elbakri, au cœur de cette Omdurman dont il a dit : « C’est la ville vers laquelle se tourne le Soudan tout entier… Chacun de nous y a de la famille ou des proches… Un microcosme… Omdurman avait commencé à se développer naturellement mais nous l’avons malheureusement déchirée. » Lors de notre dernière conversation téléphonique, nous avions parlé d’Omdurman. Il était si content quand je lui ai dit que j’y retournerais, probablement, pour une visite sentimentale. Aucun de nous deux ne pensait que Tayeb lui-même y rentrerait, pour être enterré dans la ville où il avait fait ses études secondaires dans les années 1940. La personnalité de Tayeb Salih peut se résumer en une phrase, cette phrase qu’il avait lui-même prononcée à propos d’un autre : « Il est de la veine des créateurs qui apparaissent dans la vie des nations ...
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Saison de la migration vers le Nord de Tayeb Salih, écrire contre l’exil, Actes Sud

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