Le top model comme symptôme

Un psychiatre découvre derrière le vernis glamour de la haute couture un monde de faux-semblants peuplé de créateurs tyranniques et de jeunes femmes anorexiques. Il hésite sur le diagnostic à poser : est-ce l’univers de la mode qui est malade ou bien toute notre société ?

 


© Karl Prouse / Catwalking / Getty

Défilé Guy Laroche printemps-été 2007 à Paris. Pourquoi l’industrie de la mode exige-t-elle des mannequins qu’elles tirent la tronche et aient l’air de rescapées des camps ?

Pendant la guerre civile algérienne, un quotidien britannique m’a appelé pour me demander si j’étais prêt à aller en Algérie pour écrire un article sur le conflit qui s’y déroulait. Ma femme me l’a interdit, et j’ai dit non. Fini le temps où je flirtais avec le danger. « Bon, a dit le type du journal après une petite pause. Dans ce cas, tu irais faire un tour à la Fashion Week de Londres ? » Je ne connaissais rien à la mode et m’y intéressais encore moins. Mais c’est précisément pour ça, m’a dit mon interlocuteur, que le journal voulait m’y envoyer. J’ai vite découvert un milieu qui ­ferait passer la cour du Roi-Soleil pour un ­modèle de spontanéité et de franchise. L’affectation était à ce point la norme que le naturel lui-même passait pour de l’affectation. Tout, même la chose la plus ordinaire, était au minimum « subli­me ». Et la seule façon d’exprimer un superlatif était de traîner en longueur des mots comme « perfection » jusqu’à ce qu’il faille au moins une ou deux lignes imprimées ...
LE LIVRE
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Jamais assez maigre. Journal d’un top model de Victoire Maçon Dauxerre, Les Arènes, 2016

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