Publié dans le magazine Books n° 75, avril 2016.
Un artiste syrien en exil publie sa première BD, sur le début de la rébellion anti-Assad. Un récit déchirant, dont le dessin violemment expressionniste dit la destinée désarticulée de tous ceux qui ont cru en la liberté.
En 2011, l’artiste Hamid Sulaiman a quitté la Syrie après avoir été plusieurs fois arrêté par la police de Bachar al-Assad pour sa participation aux premières manifestations pacifiques qui, dans le sillage du Printemps arabe, contestaient le régime baasiste au pouvoir. Depuis, « la répression brutale menée contre les opposants est au cœur de son travail artistique », écrit David Batty dans les colonnes du
Guardian.
Sur son compte Facebook, l’artiste a intitulé l’un de ses albums photo
Syria Bleeds (« La Syrie saigne ») : on peut y découvrir neuf de ses créations. Des dessins à l’encre noire de la série « Stop Torture », acquis depuis par le British Museum ; et une toile,
Day after Night (« Après la nuit, le jour »), où l’on voit plusieurs corps couleur chair recroquevillés, les mains enchaînées et les yeux bandés, le long d’un couloir, dans les sous-sols du quartier général de la police à Damas, où Hamid Sulaiman a été emprisonné. « Le maigre rayon de lumière qui éclaire la scène symbolise l’infime espoir auquel les prisonniers se raccrochent pourtant comme ...