Publié dans le magazine Books n° 4, avril 2009. Par Stefan Rebenich.
En l’an 9, le chef germain Arminius défaisait les troupes du général romain Varus. Longtemps, les Allemands virent dans cette victoire l’acte de naissance de la nation. Mais le mythe ne tient plus.
« Quintilius Varus, rends-moi mes légions ! », s’écria l’empereur Auguste de sa lointaine Rome quand lui parvint la nouvelle du désastre (1)… En cet an 9 de notre ère, Publius Quintilius Varus, commandant de l’armée du Rhin, avait été attiré dans une embuscade par Arminius, prince chérusque romanisé (2). La bataille – sanglante ! – dura plusieurs jours. Trois légions furent décimées, les unités auxiliaires alliées aux Romains taillées en pièces. Le général défait se planta l’épée dans le ventre. Un coup d’arrêt venait d’être donné aux velléités de l’Empire d’annexer les provinces de la Germanie libre (3)… Des siècles plus tard, l’Allemagne morcelée éleva le noble guerrier Hermann, alias Arminius, au rang de héros national symbole de liberté. Une imposante statue lui fut élevée en l’an 4 de l’Empire allemand [1875] dans la forêt de Teutoburg, près de Detmold [Rhénanie-du-Nord-Westphalie]. Statue qui en appelle à l’unité allemande, [les yeux et le glaive] dirigés vers l’Ouest et l’« ennemi héréditaire » gaulois (4).
Aujourd’hui, les historiens sont unanimes : la bataille de Varus...