Publié dans le magazine Books n° 11, janvier-février 2010. Par Sandrine Tolotti.
Près de 20 % des Noirs vivent encore dans des ghettos. Comme en Afrique du Sud, cette réalité traduit une inégalité socio-économique structurelle, qui affecte les familles les plus défavorisées, nourrit la violence et la consommation de drogues.
William Julius Wilson est professeur de sociologie à Harvard. Il a le premier introduit la question sociale au cœur de la question raciale, avec son livre fondateur, The Declining Significance of Race (« La signification déclinante de la race »), qui lui valut l’opprobre de nombreux intellectuels noirs. Un seul de ses livres est traduit en français : Les Oubliés de l’Amérique (Desclée de Brouwer, 1994).
Vous n’avez pas caché votre enthousiasme pour le discours de Barack Obama sur la question noire pendant sa campagne. Pensez-vous que sa présence à la Maison-Blanche soit susceptible de réduire la fracture raciale américaine ?
Beaucoup me verront sans doute comme un incurable optimiste, mais j’ai vraiment le sentiment que la manière dont Obama formule ces problèmes peut conduire les Américains à mieux comprendre la nature des relations raciales dans ce pays. Il a mis l’accent sur les inégalités léguées par l’histoire de l’esclavage et de la discrimination, contredisant l’opinion dominante : l’immense majorité des Américains considèrent que les Noirs sont les ...