Elections : de l’intérêt d’écouter le perdant
Publié le 25 avril 2017. Par La rédaction de Books.
Le discours du ou des perdants est un moment rituel de toute soirée électorale. Mais malgré les apparences, il est loin d’être une simple formalité. Il est important pour le système démocratique et révélateur de la personnalité des candidats, assure le journaliste Scott Farris qui, dans Almost President, décrypte les discours de nombreux prétendants malheureux à la Maison-Blanche.
Cette prise de parole, longtemps effectuée en privé, n’a rien d’une obligation et ne prêtait à aucune conséquence. Mais son adaptation aux nouvelles technologies (William Jennings Bryan le fait par télégramme en 1896, Al Smith à la radio en 1928 et Adlai Stevenson à la télévision en 1952) éveille l’intérêt des médias. Ils trouvent ainsi un moyen de mettre un point final à l’histoire développée pendant toute la campagne. Ce n’est pas un « happy end » hollywoodien, mais presque. Et à mesure que les médias installent ce discours dans le rituel électoral, il prend en importance.
Dans les années 1990, il est devenu un acte légitimant l’autorité du président nouvellement élu, assure Farris. Il permet de s’assurer que les soutiens du vaincu ne remettent pas en cause le processus démocratique. Du télégramme de William Jennings Bryan à l’allocution télévisée d’Hillary Clinton, les fondamentaux de ce discours n’ont pas évolué. L’orateur félicite le gagnant, appelle le pays à rester uni et enjoint ses supporters à accepter le résultat et à continuer le combat pour leur cause. Et les quelques variations faites sur ce thème peuvent en dire long sur la personnalité et l’état d’esprit du perdant. Ainsi Al Gore, qui n’a concédé sa défaite qu’après une longue bataille juridique, n’utilise jamais le terme président élu pour désigner George W. Bush. Malgré une campagne très dure contre Barack Obama, John McCain a dépassé les platitudes habituelles. Il a véritablement loué son opposant et souligné la nature historique de sa victoire. Au contraire, Mitt Romney n’a prononcé qu’une fois le nom de son adversaire et s’est passé de la formule rituelle « le peuple a parlé ».