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États-Unis : les fiascos de l’impeachment


Ulysses Grant et Edwin Stanton avec le Congrès contre Lorenzo Thomas et Andrew Johnson.

La Maison Blanche a fait savoir mardi 8 octobre qu’elle n’entend pas coopérer à l’enquête menée en vue d’une éventuelle destitution de Donald Trump. Par le passé, la procédure d’impeachment a abouti deux fois, et dans les deux cas, le président a finalement été acquitté.

La première fois, c’était en 1868. Andrew Johnson était visé. Johnson était un démagogue, vain, grossier et raciste, précise l’essayiste Brenda Wineapple dans The Impeachers. L’un des rares hommes politiques du Sud à considérer la Sécession comme une trahison, il s’engage aux côtés de Lincoln. Par calcul politicien, les Républicains l’invitent sur le ticket présidentiel unioniste en 1864. Élu vice-président, il prend la place de Lincoln quand celui-ci est assassiné en 1865.

Mais Johnson va à l’encontre des idées des Républicains pour reconstruire le pays après la guerre civile : il accorde le pardon aux Confédérés qui retrouvent leur place dans la vie politique nationale et locale, et ferme les yeux sur les représailles menées dans le Sud contre les noirs et les loyalistes. La majorité républicaine au Congrès cherche un moyen de justifier sa destitution. Sans succès. Et en 1867, la Chambre des représentants refuse de lancer la procédure d’impeachment.

Les Républicains tentent alors de contrôler Johnson, dont le comportement est de plus en plus agressif et erratique. Ils votent un texte pour l’empêcher de se séparer de son propre gouvernement et notamment du Secrétaire à la guerre Edwin Stanton qui s’efforce de contrecarrer sa politique raciste. Johnson prend la mouche et le met à la porte le 21 février 1868. La Chambre saute sur l’occasion. Mais le procès d’impeachment s’avère décevant. Au bout de trois mois d’intrigues légales et politiciennes (certains cherchant plus à se placer dans la course à la présidence qu’à destituer Johnson), le président est acquitté à une voix près.

Après cet échec, le Congrès attend plus d’un siècle avant de tenter de nouveau de destituer un président, et manque son coup. En 1998, Bill Clinton est au sommet de sa popularité après son procès d’impeachment.

 

À lire aussi dans Books : L’enfance de Lincoln, mars 2013.

 

LE LIVRE
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The Impeachers de Brenda Wineapple, Random House, 2019

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