Scatologie allemande

À la différence de nombreuses langues, le répertoire d’insultes de l’allemand n’est pas sexuel, mais fécal. Même les injures libidineuses d’importation ont été transformées en ce sens. À l’origine de cette bizarrerie, une certaine idée de la sincérité.

La cent neuvième minute de la finale de la Coupe du monde de football 2006 montra de façon édifiante la violence que peut déchaîner un échange verbal : le joueur italien Marco Materazzi avait agrippé le maillot de la star de l’équipe de France, Zinedine Zidane, et celui-ci lui avait proposé, ironiquement, de le lui laisser à l’issue de la rencontre. La réponse de Materazzi fut brutale : « Je préférerais ta sœur, la pute ! » Un instant plus tard, il était projeté au sol par un coup de tête de Zidane. Hans-Martin Gauger prend ce court dialogue en italien pour point de départ de son édifiant périple à travers les insultes des différents peuples d’Europe. L’Allemagne – c’est là la thèse centrale de Gauger – constitue un îlot bien spécifique, comme le révèlent d’ailleurs les réactions des journalistes du pays à l’altercation franco-italienne : la plupart n’en ont pas bien saisi le sens. Ils ont cru qu’il y avait injure parce que la sœur de Zidane avait été traitée de prostituée. Mais, comme l’explique Gauger, ce n’était là qu’...
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L’humide et le sale de Scatologie allemande, C. H. Beck

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