Balkan blues
Publié dans le magazine Books n° 23, juin 2011.
Un premier roman fait la chronique du racisme ordinaire en ex-Yougoslavie.
« Pourquoi les Čefurji ne parlent-ils jamais de sexe ? Comment expliquer leurs brusques accès de violence ? Pourquoi la police slovène est-elle bonne à jeter ? » Dans son livre à succès, structuré en plusieurs questions, le réalisateur slovène Goran Vojnović s’attaque à un sujet sensible : celui des Čefurji, nom méprisant donné par les Slovènes à la deuxième génération d’immigrés originaires du sud des Balkans, ces enfants nés dans une jungle de béton dans le quartier Fužine, à Ljubljana, après que leurs parents ont fui la guerre. Le narrateur, Marko, un ado d’origine bosniaque, y raconte sa quête d’identité, son incapacité de s’intégrer à la société slovène, qu’il apprend à mépriser.
« C’est une histoire honnête qui n’épargne ni les Slovènes ni les Čefurji », analyse le quotidien Slovenian Times, pessimiste quant à la possibilité d’une réconciliation. « La guerre des Balkans et les sentiments nationaux très forts qui l’ont marquée ont exacerbé les tensions entre communautés. Contrairement aux immigrés qui arrivent en Europe occidentale, les Čefurji ne pensent qu’à une chose, rentrer chez eux. »