À la recherche du folklore perdu
Publié dans le magazine Books n° 123, janvier-février. Par Audrey Vermillard.
Peuple malmené par l’Histoire, les Estoniens se passionnent néanmoins pour la leur. Les auteurs phares du pays explorent leurs traditions, notamment païennes, avec humour ou poésie.
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L’émergence des lettres estoniennes est relativement récente. Elle remonte au réveil identitaire du XIXe siècle et se nourrit du folklore finno-ougrien. Aujourd’hui encore, cette jeune littérature, qui a connu un nouveau souffle depuis la restauration de l’indépendance en 1991, se fait l’écho d’une histoire troublée, marquée par les dominations étrangères à répétition. À partir de la christianisation de la région par les chevaliers Porte-Glaive allemands au XIIIe siècle, la petite nation estonienne a été soumise successivement aux puissances livonienne, danoise, germano-balte, tsariste, nazie et soviétique.
Témoin de l’engouement des Estoniens pour leur histoire, la « Chronique de la province de Livonie », écrite au XVIe siècle par Balthasar Russow, pasteur de l’église du Saint-Esprit à Tallinn : elle se hisse en deuxième position de la liste des meilleures ventes du principal réseau de librairies, Rahva Raamat. Ce texte fondateur a façonné la compréhension de la zone baltique durant...