L’art de mesurer le mensonge
Publié le 24 septembre 2015. Par La rédaction de Books.

A défaut d’une machine capable de mesurer les émissions polluantes des voitures sans se laisser duper par des entourloupes technologiques, peut-on compter sur un instrument capable de détecter les menteurs, qu’ils soient dans l’industrie automobile ou non ? L’idée n’est pas neuve, rappelle l’historien Ken Adler dans The Lie Detectors.
Dès 1730, Daniel Defoe assure qu’un « coupable porte toujours la peur sur lui » et « qu’il y a des troubles dans le sang d’un voleur, qui, si on y porte attention, peuvent le confondre ». A défaut de trouver ce trouble, Cesare Lombroso, criminologue italien de la fin du XIXe siècle, se concentre sur les variations du pouls. Selon son protocole, le suspect devait plonger sa main dans un récipient empli d’eau. Son pouls devait faire se mouvoir le liquide; plus le remous était fort, plus le sujet était malhonnête.
Dans les années 1920, un officier de police californien, John Larson, reprend les travaux d’un psychologue pour créer le « cardio-pneumo-psychographe», plus connu sous le nom de détecteur de mensonge. La vérité est alors mesurée à travers la tension artérielle et la fréquence respiratoire. L’instrument, une fois perfectionné, est adopté partout, des banques aux administrations. Mais les portes des tribunaux américains lui sont barrées dès 1923. La machine devait faire ses preuves, ce qu’elle ne fit jamais vraiment. John Larson finira même par combattre sa propre invention. Le détecteur de mensonge ne connut jamais le succès en Europe. Il reste très prisé par les Américains, même depuis l’apparition de technologies plus modernes pour mesurer les expressions faciales, l’intonation vocale ou la chaleur autour des yeux, qui, il est vrai, ne sont pas non plus infaillibles.