Comment le lion est devenu le roi des animaux
Publié le 28 septembre 2015. Par La rédaction de Books.

Livre d'heures de Jean de Montauban
Le procès du chasseur zimbabwéen qui a organisé la traque du lion Cecil a été ajourné. Le roi des animaux a de nos jours besoin d’un avocat pour se défendre. Il est pourtant associé depuis des millénaires aux plus grands souverains. Et il a considérablement renforcé son pouvoir au Moyen-Âge, assure l’historien Michel Pastoureau. Dans son Traité d’héraldique, le médiéviste indique que le lion est de loin la figure la plus fréquente dans les armoiries médiévales. Il est représenté dans 15% d’entre elles.
Jusqu’au XIe siècle, ils étaient plusieurs animaux à se disputer le trône. L’ours et le sanglier ont vite été marginalisés. Michel Pastoureau y voit une victoire de la sensibilité romane sur la sensibilité germanique. « Plus qu’à une influence des croisades proprement dites, précise-t-il dans un article intitulé « Quel est le roi des animaux ? », je crois davantage au rôle joué par les tissus et par les objets d’art, régulièrement importés d’Espagne et d’Orient, et sur lesquels les lions sont fréquemment représentés. » Le félin se permet même à cette époque de redorer son blason. Fini l’ambivalence qui prévalait dans l’Antiquité ou dans certains passages de la Bible. Par un tour de passe-passe, tous les mauvais côtés du lion (sa cruauté, sa malveillance) sont attribués dans les bestiaires médiévaux au léopard.
Purifié, le lion était prêt à devenir le roi de tous les animaux. Mais c’était sans compter l’aigle. Dans de nombreuses régions, l’oiseau impérial conserve l’avantage et, contrairement au félin, son image n’est jamais utilisée par les roturiers. Plusieurs auteurs du XVe siècle affirment ainsi que le lion ne peut commander à l’aigle. « L’ours n’était que le chef des animaux. Le lion en est devenu le roi grâce à l’appui du christianisme. Mais il a dû céder devant l’aigle, le roi des rois », résume Michel Pastoureau.