Un lycée multiculturel à l’heure du Brexit

Les habitants de Barking, banlieue populaire de l’est de Londres, sont pour beaucoup pauvres et issus de l’immigration. Mais leurs enfants ont d’excellents résultats, grâce aux efforts des enseignants d’un lycée a priori tout ce qu’il y a de plus banal. Une ancienne élève a mené l’enquête.


© Gideon Mendel/In Pictures/Corbis / Getty

L’école primaire de Kingsmead, arrondissement de Hackney, à Londres. Dans cet établissement d’excellence, 95 % des élèves sont issus de minorités.

Joe Lawrence commença sa première journée de lycée, dans l’est de Londres, la tête dans la cuvette des toilettes. Nous étions en 1969, et il appréhendait ce bizutage. Mais il se consola à l’idée que toute sa classe allait passer par là. Et puis, était-ce si terrible ? D’accord, ça n’avait rien d’une partie de plaisir, mais Barking était une ville où tout le monde se connaissait, où personne ne prenait la peine de fermer sa porte à clé (il n’y avait pas grand-chose à voler de toute façon). Un soir, Joe et ses amis étaient parvenus à se faufiler dans le pub 1. Leur cœur s’arrêta de battre lorsqu’ils aperçurent leur professeur d’économie. Celui-ci leur offrit une bière et un petit conseil : « Buvez-la et foutez le camp. Je ne veux plus jamais vous voir ici. » Aujourd’hui, Barking ne ressemble en rien à la ville dans laquelle Joe a grandi. Dans son école, Barking Abbey, la proportion de Blancs a diminué de plus de moitié. Le nombre d’élèves bangladais, qui constituent désormais le premier groupe ethnique de l’établissement, a quintuplé. Et, pour ...
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The New Minority: White Working Class Politics in an Age of Immigration and Inequality de Justin Gest, Oxford University Press, 2016

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